Le droit à l’IVG rentrera peut-être bientôt dans la constitution. En France, l’interruption volontaire de grossesse peut être réalisée jusqu’à la 14e semaine de grossesse, soit 16 semaines d’aménorrhée (depuis le premier jour des dernières règles). L’IVG médicamenteuse, à ne pas confondre avec la pilule du lendemain, représente 78% de l’ensemble des IVG réalisées en France en 2022 (contre 31% en 2000). De quoi s’agit-il?
L’IVG médicamenteuse consiste à prendre par voie orale 2 médicaments, l’un pour interrompre la grossesse, l’autre pour expulser l’embryon. Le premier composé est la mifépristone (ou RU 486), une molécule qui a la même forme que l’hormone provoquant le développement de l’utérus pendant une grossesse, la progestérone. La mifépristone se fixe sur les récepteurs à progestérone de l’utérus, empêchant alors l’hormone de s’y fixer. Cela provoque l’arrêt du développement de l’utérus en période de grossesse. Puis 24 à 48 heures après la prise du premier comprimé, un second (le misoprostol), proche des prostaglandines, provoque des contractions de l’utérus accompagnées de règles et de l’expulsion de l’embryon. Ce mécanisme intervient généralement dans les 3 à 4 heures suivant la prise du médicament mais peut parfois se produire dans les 24 à 72h.
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Les femmes souhaitant se diriger vers l’IVG médicamenteuse peuvent se la voir prescrire en cabinet de ville, dans un centre de santé ou par téléconsultation. Les médicaments sont délivrés en pharmacie. Il n’existe plus de «délais de réflexion minimale obligatoire» après un premier rendez-vous avec un professionnel de santé.
L’IVG médicamenteuse est généralement privilégiée par les médecins avant la 9e semaine d’aménorrhée (7e semaine de grossesse). Au-delà, une IVG instrumentale (par une intervention chirurgicale) sera plus volontiers pratiquée. Le choix de la technique utilisée prend toutefois en considération les préférences de la femme et l’offre de soins disponibles lors de la consultation. Les personnes mineures doivent être accompagnées d’une personne majeure de leur choix.
D’après la haute autorité de santé (HAS), toutes les études montrent qu’il n’y a pas d’augmentation de risque d’infertilité après une IVG. En 2015, dans plus de 2 cas sur 3, les femmes qui ont eu recours à une IVG utilisaient un moyen de contraception qui n’a pas fonctionné (comme un préservatif, oubli de pilule, etc.), tordant le cou à l’idée d’une «IVG de confort».
L’IVG médicamenteuse évite la chirurgie, elle peut être réalisée en début de grossesse et pratiquée dans un cabinet de ville. Néanmoins elle se déroule sur plusieurs jours, et peut causer des saignements importants avec des douleurs, nausées, vomissements et des diarrhées.
D’après le site officiel IVG.gouv.fr, l’IVG médicamenteuse est efficace à 95%. Pour les 5% des cas restant il est nécessaire de pratiquer une IVG instrumentale. Dans son rapport de septembre 2023, la DREES (direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques) indique une baisse du nombre d’IVG en 2020 et 2021, pendant la pandémie de Covid-19. Le taux d’IVG a réaugmenté en 2022, et il est au plus haut depuis 1990.
En moyenne, 16,2 IVG sont pratiqués pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. Les 20-30 ans représente la classe d’âge qui y a le plus recours. Les taux d’IVG sont variables d’un département à l’autre (11,6 ‰ en Pays de la Loire, 48,7‰ en Guyane en 2022). Selon les chiffres de la DREES, 8615 femmes ont eu recours à plus d’une IVG en 2022. 76% des IVG sont réalisées à moins de 10 semaines d’aménorrhée et 55% à moins de huit semaines.