Après la désescalade, l’heure est au bilan. Selon notre dernier sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, une écrasante majorité de Français (84%) dénonce le déchaînement de violence qui a suivi la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier en marge d’un contrôle routier, après un refus d’obtempérer à Nanterre. Durant les émeutes nocturnes qui ont suivi, et qui ont duré près d’une semaine, des élus, des commerces et des bâtiments publics ont été pris pour cible un peu partout sur le territoire, entraînant des dégâts estimés à plusieurs centaines de millions d’euros, voire un milliard selon le Medef. De quoi provoquer la «colère» du pays (84%) devant ces images de chaos, ainsi que de la «peur» (66%).
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Même si l’accalmie semble s’être confirmée depuis sur le front social, les Français redoutent malgré tout une nouvelle poussée de tension : 89% se disent «inquiets» pour l’avenir du pays. À rebours du reste de la population, seuls les sympathisants de La France Insoumise (60%) disent «comprendre» ces violences urbaines. Une position conforme à l’attitude de Jean-Luc Mélenchon et de ses troupes, qui ont longtemps refusé d’appeler «au calme».
Si le soutien populaire aux forces de l’ordre reste important (64%), il ne s’accompagne pas d’un réflexe légitimiste de soutien au gouvernement (27%), comme cela se produit parfois en temps de crise. À l’inverse, les Français disent plutôt attendre des mesures de fermeté de la part de l’exécutif, notamment pour ce qui concerne l’immigration : 59% réclament un durcissement du projet de loi prévu à l’automne. Et pour cause, les événements récents sont perçus à leurs yeux comme «la conséquence des défaillances de notre politique migratoire». Un propos qui tranche avec le discours adopté par Gérald Darmanin, selon qui «il y a eu beaucoup de Kévin et de Mattéo» parmi les interpellés, qui étaient à «90% Français». De quoi faire dire au ministre de l’Intérieur que «la question, aujourd’hui, ce sont les jeunes délinquants, pas les étrangers».
Il n’empêche, une large majorité de sondés (71%) semble se désolidariser du locataire de Beauvau, en appelant à la réduction des flux migratoires. Et en se rangeant derrière deux propositions portées notamment par la droite LR et les nationalistes : la suppression de «l’excuse de minorité» (78%) et des «sanctions financières» contre les parents de délinquants (77%).