Une semaine après que Nicolas Sarkozy a tenu des propos très commentés sur la neutralité de l’Ukraine et l’entérinement de la Crimée russe dans un entretien accordé au Figaro Magazine, Emmanuel Macron a profité d’un sommet de la «Plateforme Crimée» organisé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour clarifier la position de la France dans le règlement du conflit russo-ukrainien.

«Je veux le dire ici une fois encore devant vous, à vos côtés, de manière très claire: la France ne reconnaît ni l’annexion par la Russie de territoires ukrainiens ni les résultats des simulacres d’élections qui ont été organisées», a martelé le chef d’État dans une vidéo préenregistrée et diffusée ce mercredi. Dans son message, Emmanuel Macron a également assuré que la France n’avait pas changé de position quant à «la décision historique de reconnaître à l’Ukraine le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne». Un discours visant à rassurer son homologue ukrainien, à l’heure où les prises de position se multiplient.

À la veille de la sortie de son livre Le Temps des combats (Fayard), Nicolas Sarkozy a plaidé, entre autres, pour «un référendum incontestable» pour «entériner l’état de fait actuel», et a assuré que «tout retour en arrière (pour la Crimée) serait illusoire». Estimant qu’elle devait rester «neutre», il s’est également prononcé contre l’entrée de l’Ukraine au sein de l’Union européenne et de l’Otan. Soulignant son rôle dans le règlement de la crise géorgienne, en 2008, il a appelé à «la diplomatie» entre la Russie et l’Ukraine.

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Saluées par Moscou, ces déclarations ont suscité l’ire d’une partie de la classe politique française. À la tête du groupe d’amitié franco-russe à l’Assemblée, la députée Renaissance Natalia Pouzyreff a accusé l’ex-chef de l’État de «réécrire l’histoire» en tendant la main au Kremlin. De son côté, le député écologiste Julien Bayou a dénoncé une prise de position «lunaire» et «choquante» de l’ancien président devenu «un influenceur russe».

Une référence aux liens qu’aurait conservés Nicolas Sarkozy avec le pouvoir russe. Mais les critiques ne se sont pas arrêtées à ses opposants politiques, essaimant jusqu’au sein de son entourage. Son conseiller à Bercy, devenu sous sa présidence adjoint du coordonnateur du renseignement à l’Élysée, Jérôme Poirot, s’est notamment indigné de «propos honteux».

Tout juste rentré du fort de Brégançon, Emmanuel Macron n’avait jusqu’à présent pas réagi aux propos de son prédécesseur. Mais si le président s’est aujourd’hui montré ferme sur la posture de la France, balayant l’hypothèse d’une reconnaissance des territoires annexés par la Russie, il a plusieurs fois été pointé du doigt pour avoir tenu des propos ambigus. En juin 2022, il avait déclaré qu’«il ne faut pas humilier la Russie». Une position qui avait suscité l’émoi de la classe dirigeante ukrainienne, et qui n’est pas sans rappeler celle de son prédécesseur.

Encore aujourd’hui, bien qu’il désigne la Russie comme unique responsable du «retour de la guerre territoriale», Emmanuel Macron concède dans son entretien fleuve accordé au Point, qu’on «ne change pas la géographie», et assure qu’il reparlera avec Poutine «quand ce sera utile».