L’arrivée de Gabriel Attal à Matignon ce mardi 9 janvier après la démission d’Élisabeth Borne n’a pas manqué de faire réagir la presse internationale : du Guardian britannique au País espagnol, tous notent que Gabriel Attal est le premier homme politique ouvertement homosexuel à devenir premier ministre en France, et le plus jeune à occuper la fonction de la Ve République, à seulement 34 ans. Tous, surtout, y voient aussi l’avènement d’un homme politique à l’image du président.
Outre-Manche, Gabriel Attal, qualifié de «Macron boy», doit relever le défi de «sauver la présidence de son mentor», titre The Telegraph . Un constat partagé par le journal britannique The Guardian : «Baby Macron» a été nommé pour «revigorer un second mandat difficile», en proie à une montée de la popularité de l’extrême droite, analyse Angélique Chrisafis dont l’article ouvre le site du quotidien le 9 janvier, avant de souligner l’attitude «calme, parfois féroce» de l’éphémère locataire de la rue de Grenelle, dont l’art de la communication politique s’est révélé lors la pandémie de Covid-19.
Son collègue, Kim Willsher, note dans les colonnes du même journal «une trajectoire spectaculaire, même pour quelqu’un issu d’un milieu privilégié comme Attal, pour qui chaque évolution de carrière semble avoir été remarquablement facile». Lui aussi cite sa maîtrise parfaite du langage politique, qui lui vaut le surnom de «sniper des mots» («word sniper», NDLR).
Outre-Atlantique, la nomination de Gabriel Attal est perçue comme une tentative de «rééquilibrer la balance politique» de la part d’Emmanuel Macron, selon le Washington Post : «Macron espère peut-être que l’éclat d’Attal déteindra sur lui», décrypte encore le quotidien américain, rappelant la popularité de l’ancien ministre de l’Éducation.
Le chef du bureau de Paris du New York Times, Roger Cohen, dresse quant à lui d’emblée un parallèle entre l’âge de Macron au moment de la campagne de 2017, 39 ans, et les 38 ans qu’aura Gabriel Attal au moment de la prochaine élection présidentielle. «Pour Macron, dont le mandat est limité, cela permet de placer un protégé dans la course à sa succession», note le journaliste, qui relève au passage l’évolution du centre gauche vers le centre droit du nouveau chef du gouvernement, issu comme son président des rangs socialistes.
Cette comparaison avec Emmanuel Macron est également au cœur de l’article du journal allemand Süddeutsche Zeitung, au titre laconique : «Clone du président». «Se pourrait-il que Macron soit en train de construire son successeur ?», s’interroge l’auteur en préambule.
La presse étrangère évoque aussi le passage de Gabriel Attal par le ministère de l’Éducation, l’interdiction du port de l’abaya et l’expérimentation avec l’uniforme à l’école, chantiers décrits comme «controversés», et qui ont contribué à en faire un ministre populaire, rappellent l’ensemble des journaux. Seul La Repubblica se plaît à commenter le physique du nouveau chef du gouvernement : Gabriel Attal, «gay et anti-Salvini», fait «encore plus jeune que son âge avec son physique sec et agile».
Tous, enfin, s’attardent à décrire le parcours fulgurant du nouveau chef du gouvernement issu d’un milieu privilégié : en dix ans, il est passé d’ «obscur conseiller au ministère de la santé» à occupant de Matignon, souligne la BBC. Pourtant, pendant ses études à Sciences Po il y a douze ans, ses anciens camarades de classe le voyaient déjà président, révèle malicieusement Politico dans son portrait de l’homme politique. «Si on se penche sur son CV, on se rend compte qu’il incarne surtout le parisianisme», tempère un journaliste du quotidien suisse Le Temps dans une chronique.
En Espagne, le quotidien espagnol El País admire l’évolution de l’«enfant prodigue» de la politique française, tandis qu’El Mundo parle de la «carrière météorique» d’un ministre à l’image du président, tout en mettant Attal en garde : ce nouveau poste n’est pas sans risque pour un potentiel candidat à l’élection présidentielle, qui risquerait de s’épuiser d’ici là.