Après plusieurs années de recul, le nombre de ménages surendettés a rebondi en 2023. Le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a augmenté de 8% par rapport à 2022, selon le dernier baromètre mensuel de l’inclusion financière publié ce jeudi par l’institution monétaire. Au total, 121.617 dossiers ont été déposés l’an dernier, contre 113.082 en 2022.

Une telle hausse semble s’expliquer moins par l’inflation que par la fin progressive de la politique du «quoi qu’il en coûte» mise en place par le gouvernement durant la pandémie de Covid-19 et de ses mesures de soutien (fin des dispositifs de soutien à l’emploi, fin de la ristourne carburant, réduction des boucliers tarifaires sur l’énergie…). Ce rebond vient donc casser la spirale positive de diminution des dossiers de surendettement observée ces dernières années. En 2022, leur nombre avait baissé de 7% comparé à l’année précédente. En 2023, «il est demeuré nettement inférieur aux dépôts constatés en 2019 (-15%) qui reste l’année de référence», car année pré-pandémie de Covid-19, souligne toutefois la Banque de France. Et pas de quoi annuler complètement toutes les baisses. «Sur les 10 dernières années, le nombre de dossiers déposés a été quasiment divisé par deux», observe en effet l’institution.

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La Banque de France se veut donc rassurante. Elle estime la hausse constatée en 2023 «modérée». «Aujourd’hui, on a un petit rebond, mais à ce stade cela ne remet pas en cause la baisse observée depuis plusieurs années» et un dernier pic à 230.900 dossiers de surendettement en 2014, a assuré auprès de l’AFP Mark Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France. Il n’y a pas eu, comme on pouvait le craindre avec la crise sanitaire et la crise inflationniste, d’explosion du surendettement, remarque Mark Béguery. «Après la baisse atypique des déclarations constatée en 2020 avec la pandémie, cela ressemble à un retour à la normale, au niveau de 2019», a-t-il ajouté auprès des Échos.

Si les informations sur la typologie des ménages surendettés en 2023 ne sont pas encore fournies par la Banque de France, les données des années précédentes montrent que ce sont principalement des femmes qui déposent ce type de dossiers, plutôt dans la tranche d’âge 35-54 ans, dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté et qui sont locataires de leur logement. Les statistiques de l’année 2022 montrent que les employés, les ouvriers et les «autres personnes sans activité professionnelle» sont surreprésentés, de même que les personnes séparées, célibataires ou veuves. En termes de montant, l’endettement médian (hors dettes immobilières) ressortait à 16.328 euros par ménage en 2022. Les dettes de charges courantes (principalement de logement et d’énergie et de communication) sont les plus présentes dans les dossiers déposés, juste devant les dettes à la consommation (en majorité des prêts personnels).