Fin du premier round. Les négociations entre les enseignes de supermarchés et une partie de leurs fournisseurs de l’agro-industrie s’achèvent ce lundi soir, avec les passes d’armes habituelles et sans qu’elles présagent des baisses de prix massives et généralisées. Le gouvernement a fait voter en novembre une loi pour avancer de quelques semaines la fin de la période de négociations entre les distributeurs et leurs fournisseurs, espérant une répercussion plus rapide en rayons des baisses de certains prix de gros, huiles ou blé mais aussi énergie.
Exceptionnellement, donc, les entreprises doivent s’entendre plus rapidement sur les conditions de vente pour 2024, d’ici ce lundi soir pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires et au plus tard le 31 janvier pour les plus gros fournisseurs (Lactalis, Herta, Bonduelle…). «Les négociations se sont bien passées, les industriels français ont été plutôt corrects», a déclaré le médiatique représentant du leader de la grande distribution, E.Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, sur TF1. «Je viens chez vous avec une vision plutôt positive de ces négociations.»
«Il y aura des poches de baisse de prix et on va ramener l’inflation alimentaire à 2 ou 3% par an», a ajouté Michel-Édouard Leclerc, après des hausses de prix moyennes de plus de 20% en deux ans. À l’inverse, les industriels digèrent mal de devoir parfois vendre moins cher que l’an passé, arguant qu’une partie de leurs coûts de production augmente encore. Dans un communiqué, l’Association des entreprises des produits alimentaires élaborés (Adepale) affirme constater «des demandes de baisses de prix déraisonnables et déconnectées des variations de coûts supportées par les entreprises».
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Selon l’organisation, les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) de l’alimentation avaient demandé des hausses de tarifs «modérées (inférieures à 4,5% pour la très grande majorité) et strictement liées aux variations de coûts des matières premières agricoles et industrielles, de l’énergie ainsi qu’aux hausses des salaires, des services (banques, assurances…), des taux d’intérêt et des coûts de stockage». L’Adepale «s’inquiète» aussi «de l’avenir des lois Egalim», qui devaient sécuriser les revenus des agriculteurs, «puisque la grande distribution démontre lors de ces négociations une faible sensibilité à la sanctuarisation des matières premières agricoles».
Le patron de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil), qui défend les intérêts des transformateurs (hors coopératives), a jugé «inacceptable et illégal» que des acheteurs de la grande distribution demandent «à tout prix des baisses» aux PME laitières. Le président-directeur général de l’organisation, François-Xavier Huard, cite Carrefour et Intermarché comme mauvais élèves. Cette négociation risque selon lui de se traduire «mécaniquement par une baisse du prix d’achat du lait» aux éleveurs. «L’achat du lait représente un peu plus de 50% des charges de la laiterie, il n’y a pas de marge de manœuvre», a-t-il justifié.
Les négociations commerciales ont lieu chaque année pour déterminer les conditions de vente (prix d’achat, place en rayon, calendrier promotionnel…) d’une large part des produits vendus en grandes surfaces, et s’achèvent habituellement au 1er mars. Elles sont traditionnellement plus tendues avec les plus gros acteurs, souvent des multinationales. Carrefour en a donné un exemple la semaine précédente en épinglant son fournisseur PepsiCo, fabricant du célèbre soda mais aussi des chips Lay’s ou du thé sucré Lipton, qu’il accuse de demander des «hausses de prix inacceptables».