Les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde ont légèrement progressé en 2023 mais restent faibles par rapport à leur niveau de 2021. En cumul mondial, ils ont atteint 1370 milliards de dollars (1260 milliards d’euros), soit une hausse de 3% sur un an, rapporte la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

L’institution explique que l’incertitude économique et la hausse des taux d’intérêt ont pesé sur les investissements mondiaux, qui sont toutefois parvenus à défier les craintes d’une récession. Dans l’Union européenne, l’entrée d’investissements étrangers a progressé de 18%, mais seulement en raison d’importantes fluctuations aux Pays-Bas et au Luxembourg. Le Grand-Duché a vu, en 2022, ses investissements internationaux chuter de 340 milliards de dollars avant de remonter brusquement en 2023, à l’instar d’Amsterdam qui a connu une année record en 2023 après un flux négatif de 16 milliards de dollars un an plus tôt. Si l’on exclut ces deux économies, les flux vers le reste de l’Union européenne ont diminué de 23%, avec des baisses dans plusieurs grands pays comme l’Italie (-53%) ou la France (-46%).

Plus globalement, les investissements étrangers dans la plupart des économies développées ont également diminué, avec un recul de 3% aux États-Unis – première destination des investissements au monde -, notamment en raison d’une baisse des opérations de fusions et acquisitions. Les pays en développement font aussi les frais de cette tendance négative avec une diminution de 9% des investissements. Les montants ont baissé de 1 % en Afrique, de 6 % pour la Chine, de 22 % pour le Brésil, ou de 47 % pour l’Inde, même si le nombre de nouveaux projets s’y est maintenu, permettant au pays de Narendra Modi de demeurer dans le top 5 des destinations mondiales de créations d’entreprises. Seule l’Amérique centrale a inversé la tendance, avec une belle performance pour le Mexique ( 21%), due à l’accélération de ses échanges avec les États-Unis.

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Le financement de projets internationaux et les fusions et acquisitions ont le plus souffert de la hausse des coûts de financement en 2023, explique la CNUCED, avec respectivement 21% et 16% d’opérations en moins. Les annonces de nouveaux projets ont également diminué de 6%, mais ont augmenté de 6% en valeur, tirées par l’industrie manufacturière, «ce qui constitue un premier signe de reprise après une tendance à la baisse sur le long terme», note l’institution des Nations unies.

Dans les régions développées, «les annonces de projets d’investissements étrangers ont diminué dans tous les domaines». La valeur des fusions et acquisitions a été inférieure de 280 milliards de dollars en 2023 à celle de 2022, ce qui a directement pesé sur les flux d’investissements internationaux. Dans l’industrie, les tendances montrent que le nombre de projets dans les secteurs à forte intensité dans la chaîne de valeur mondiale a augmenté de 16%, en particulier dans l’automobile, le textile et l’électronique. Le nombre de nouveaux projets annoncés dans le secteur des semi-conducteurs a lui chuté de 10% (39% en valeur), après la forte croissance enregistrée en 2022. Le nombre d’annonces de nouveaux projets et d’opérations internationales de financement de projets dans le secteur des infrastructures a diminué de 4% dans l’ensemble, en grande partie à cause de la baisse des financements de projets dans le secteur des énergies renouvelables. Ces derniers ont chuté de 17%, soit la première baisse du nombre de nouveaux projets depuis l’Accord de Paris en 2015.

À l’avenir, «une légère augmentation des flux d’IDE en 2024 semble possible», note la CNUCED, en raison des projections clémentes des chiffres de l’inflation et des perspectives de baisses des coûts du financement. Toutefois, des risques importants persistent, à l’image «des tensions géopolitiques ainsi que des niveaux de dettes élevés dans de nombreux pays».