Le premier ministre Gabriel Attal a annoncé mardi la suppression de l’allocation spécifique de solidarité (ASS) pour les chômeurs en fin de droits et demandera une révision des règles de l’assurance-chômage si sa trajectoire financière «dévie». L’ASS «permet, sans travailler, de valider des trimestres» alors que «nous considérons que la retraite doit être le fruit du travail», a argué le chef du gouvernement dans sa déclaration de politique générale, mettant en avant sa volonté de «combattre les trappes à inactivité». «Donc nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation», a poursuivi le premier ministre.

Fin 2019, 351.000 personnes percevaient l’allocation de solidarité spécifique (ASS), selon la direction statistique des ministères sociaux (Drees). Plus généralement, «nous devons aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage», a indiqué Gabriel Attal, rappelant qu’une négociation a été lancée entre partenaires sociaux «en faveur de l’emploi des seniors, de la prévention de l’usure professionnelle des parcours et des reconversions». De l’issue fin mars de cette négociation dépend aussi l’agrément par l’exécutif d’une nouvelle convention d’assurance-chômage, signée en novembre par le patronat et certaines organisations syndicales.

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Gabriel Attal a réitéré l’«objectif de plein-emploi» du gouvernement. «Nous devons inciter toujours plus à la reprise du travail, et je serai extrêmement attentif à l’évolution de la trajectoire financière de l’assurance-chômage», a-t-il averti. Le gouvernement exige que l’accord sur l’emploi des seniors dégage au moins 440 millions d’euros d’économies sur la période 2024-2027, grâce notamment au relèvement des bornes d’âge à partir desquelles les chômeurs âgés ont droit à une indemnisation plus longue.

Si la trajectoire financière «dévie», le chef du gouvernement n’hésitera pas «comme la loi le permet, à demander aux partenaires sociaux de remettre l’ouvrage sur le métier, sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage». Le premier ministre a par ailleurs annoncé que le gouvernement engagera «après l’été une nouvelle étape de la réforme du droit du travail» permettant aux TPE et aux PME de «négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise».

«On a compris que le nouveau mot-clé du Premier ministre et du Président de la République c’était le réarmement. À les entendre, on a l’impression que ce réarmement est contre le monde du travail», a commenté auprès de l’AFP la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

«Quand on n’a déjà pas été fan de la saison 1, peu de chance que la saison 2 (de la réforme du marché du travail annoncée par Emmanuel Macron, Ndlr) soit bonne», a ironisé le leader de la CFTC, Cyril Chabanier. «J’ai un peu peur qu’on soit dans le désarmement des salariés, fonctionnaires et chômeurs», a-t-il insisté.

Pour François Hommeril (CFE-CGC), «c’est le monde à l’envers»: «S’annonce une année 2024 assez difficile (…) et ce que le Premier ministre vient nous dire c’est qu’il s’en fout de la difficulté et de la souffrance des gens qui sont au chômage. C’est eux qui vont payer parce que l’Etat veut récupérer 10, 12 ou 15 milliards d’euros».

Concernant la volonté affichée par le Premier ministre de lutter contre les bas salaires pour «désmicardiser la France», Cyril Chabanier a salué un discours «positif» même s’il a dit regretter qu’il n’y ait pas eu de «mesures qu’on aurait pu espérer» tels qu’«un coup de pouce au Smic».

«Les éléments de désmicardisation ne vont pas plus loin pour l’heure», a également regretté le numéro 2 de la CFDT, Yvan Ricordeau.