C’est un nouveau portefeuille symbolique, au service des consommateurs. Moins d’un mois après son départ du gouvernement Borne II, Olivia Grégoire, l’ancienne ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, est de retour au gouvernement. Et si elle retrouve son poste de ministre déléguée chargée des Entreprises et du Tourisme, elle arbore désormais une nouvelle casquette : celle de ministre déléguée de la Consommation. Une fonction politique désormais officielle, pour celle qui se disait déjà au service des consommateurs, et ce, notamment dans le contexte inflationniste que connaît la France.

Après l’annonce de sa nomination, la principale intéressée n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, assurant qu’elle «continuerait, avec Bruno Le Maire, de s’investir totalement pour (…) renforcer les droits des consommateurs». Est-ce que ce nouvel intitulé va profondément changer la donne et offrir un nouvel élan à la politique menée jusqu’à présent ? Interrogé, son cabinet évoque une «réelle reconnaissance de la part du président de la République et du premier ministre du travail qu’Olivia Grégoire mène sur le champ de la consommation depuis un an et demi». Et de citer : la mise en place du trimestre anti-inflation, le lancement de l’appli Signal Conso, le meilleur encadrement du démarchage téléphonique, la mise en lumière de la date de durabilité minimale ou encore le décret sur la shrinkflation. «C’était sa demande d’avoir un changement de titre cohérent par rapport à l’ampleur de son portefeuille», précise son entourage.

Et les associations de consommateurs sont les premiers à s’en réjouir. Car si la consommation faisait déjà partie des attributions d’Olivia Grégoire, comme le rappelle l’association UFC-Que Choisir, «l’officialisation dans l’intitulé ministériel apparaît comme un message symbolique de l’importance de la consommation, dernier moteur de la croissance française». Néanmoins, «l’essentiel tient aux actions et mesures engagées par la ministre, et notamment la mise en œuvre d’une loi avec des mesures structurelles permettant de rendre accessible à tous une consommation responsable, respectueuse des enjeux sanitaires, environnementaux et sociétaux», veut croire l’institution, qui pose la question : «Il n’y a pas eu de Loi Consommation lors de la dernière mandature, cette carence sera-t-elle corrigée ?».

«C’est officiel. La consommation était bien dans sa lettre de mission, mais pas dans son titre. C’est une belle avancée», se félicite Julie Vanhille. Pour autant, la secrétaire générale de l’Adéic (Association de défense, d’éducation et d’information du consommateur) attend désormais «une réelle défense des consommateurs», permettant «à tous les citoyens de consommer en toute sécurité, que celle-ci soit sanitaire ou financière». L’Adéic porte également un autre combat : celui de la «défense de l’Institut national de la consommation (INC) et de sa pérennité». Selon sa représentante, il y a un «réel enjeu social et sociétal de service public, donc là nous attendons vraiment un financement des associations de consommation pour défendre les consommateurs, parce que tous les citoyens sont des consommateurs».

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«Aujourd’hui, nous lançons un appel solennel pour soutenir l’INC, affaibli par des baisses successives et importantes des subventions de l’État de plus de 40% en 10 ans», peut-on lire dans un communiqué co-signé par une dizaine d’associations de consommateurs dont l’Adéic, l’Union laïque et citoyenne des consommateurs (ULCC), la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) ou encore les Associations familiales catholiques (CNAFC). Ensemble, ils réclament donc «une décision politique et des financements publics permettant la poursuite et le développement des missions du service public pour l’ensemble des consommateurs et la pérennité du fonctionnement des organisations de consommateurs».

«La fonction confiée à Olivia Grégoire n’est pas nouvelle, la nouveauté réside dans le fait qu’elle est clairement formulée dans l’intitulé de sa charge», note de son côté la CNAFC, pour qui «cela marque bien l’importance de la consommation dans le contexte inflationniste actuel». «Du point de vue associatif, la ministre avait indiqué lancer une réflexion sur le “mouvement consommateur”. Nous avons eu d’intéressants contacts avec son conseiller technique pour exprimer notre demande réitérée de disposer de moyens pour assurer notre mission de représentation des consommateurs», poursuit le collectif d’associations.

Pour le cabinet d’Olivia Grégoire, il s’agit aussi «de ne pas laisser uniquement les extrêmes s’emparer de ce sujet éminemment politique qu’est la consommation». «Dans le contexte actuel que vous connaissez, il y a encore beaucoup de combats à mener et beaucoup de choses à faire. Et cette reconnaissance du travail accompli est un signal fort pour continuer à travailler sur tous les sujets liés à la consommation (…) pour défendre une consommation à la fois responsable mais aussi au juste prix», explique-t-on. Tout un programme.