Clap de fin. L’État a décidé de mettre fin à l’édition 2024 du «leasing social», ce dispositif permettant aux foyers les moins aisés d’accéder à une voiture électrique pour environ 100 euros par mois. Un décret en ce sens doit être publié mardi, mais le «leasing social» redémarrera fin 2024 pour l’année 2025, a assuré l’Élysée. Comme l’avait souligné le ministre de l’Industrie Roland Lescure dans l’émission «Dimanche en politique» sur France 3 ce week-end, le dispositif s’est avéré «victime de son succès» : un mois seulement après son lancement, le «leasing social» a déjà «dépassé» ses objectifs initiaux pour cette année. Fin janvier, plus de 90.000 personnes avaient demandé à bénéficier d’une voiture électrique via le dispositif. Au total, plus de 50.000 commandes ont été validées, un chiffre bien supérieur aux 20.000 à 25.000 véhicules initialement prévus par l’exécutif.

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Mesure forte du programme électoral d’Emmanuel Macron, le «leasing social» ou «leasing électrique» offre la possibilité aux ménages gagnant au maximum 15.400 euros de revenu fiscal de souscrire à une offre de location avec option d’achat (LOA) à moins de 100 euros par mois pour les citadines, et 150 euros pour les familiales (hors assurance et entretien). Pour être éligibles, les candidats doivent également rouler plus de 8000 km par an ou habiter à plus de 15 km de leur lieu de travail. Les ménages sont aidés à hauteur de 13.000 euros maximum par voiture, via le bonus écologique pour ménages modestes (7000 euros) et une surprime de 6000 euros. Sans apport initial, la location est prévue pour trois ans, renouvelables une fois. Seuls les véhicules fabriqués en France ou en Europe sont éligibles au bonus : cette année, les foyers avaient la possibilité de choisir parmi une vingtaine de modèles. Le groupe Stellantis aurait particulièrement profité de l’offre en proposant dès la mi-décembre un total de 20.000 voitures, parmi lesquels des Peugeot 208, Fiat 500 électriques et des Jeep Avenger. Renault, de son côté, a proposé sa Twingo en fin de carrière à prix cassés ainsi que le modèle familial Kangoo.

En principe illimitée dans le temps, la mesure a finalement été rattrapée par le frein budgétaire. À 13.000 euros d’aide de l’État par véhicule, la facture de l’édition 2024 du «leasing social» s’élève à 650 millions d’euros. Une note déjà trop élevée au regard de l’enveloppe globale d’1,5 milliard d’euros destinés à financer – outre le dispositif – le bonus écologique et la prime à la conversion. Reste que toutes les commandes validées pour cette année seront honorées, ce qu’a confirmé Roland Lescure dimanche.

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Tout en annonçant la fin du «leasing social» pour 2024, l’Élysée s’est félicité du succès rencontré par le dispositif lors de cette première édition. «Sur les 100.000 véhicules normalement achetés chaque année par les Français éligibles au leasing, cette année 50.000 seront électriques. C’est une vraie réussite emblématique de l’écologie à la française, bonne pour le porte-monnaie et pour la planète», a déclaré un conseiller présidentiel ce lundi à l’AFP. L’exécutif prépare également la deuxième vague du leasing électrique pour 2025, et une possible montée en puissance du dispositif. Des précisions seront apportées dès la «fin d’année ou le début d’année prochaine», a assuré Roland Lescure.

L’avenir du «leasing social» dépendra, entre autres, du dynamisme des constructeurs en matière de production électrique. «Aujourd’hui, il y a une grande demande et on n’a pas encore assez de produits fabriqués en France. Cela veut dire qu’il faut que les constructeurs français accélèrent la cadence ou s’engagent à le faire», a rappelé Roland Lescure dimanche. Parmi les modèles soutenus par le dispositif, seuls quelques-uns sont aujourd’hui produits en France, comme la Renault Mégane ou l’Opel Mokka. Les constructeurs prévoient toutefois la sortie de nouveaux modèles, comme la C3 électrique, produite par Stellantis en Slovénie et proposée à 20.000 euros, ou la Renault 5 électrique fabriquée par Renault dans le nord de la France et commercialisée autour de 25.000 euros. La deuxième vague du «leasing social» pourrait également permettre aux constructeurs étrangers tels que Volkswagen, Skoda, Nissan ou Hyundai d’augmenter leurs offres, après une entrée tardive dans le dispositif.