C’est une ligne rouge pour les ONG écolos. Les organisations environnementales, impliquées dans les consultations en cours sur la révision du plan Ecophyto, ont déclaré ce lundi 12 février que le maintien du principal indicateur de mesure de l’usage des pesticides en France était une condition non négociable, avant une réunion importante au ministère de l’Agriculture.

«Remettre en cause l’indicateur Nodu», outil de référence du plan Ecophyto, «c’est remettre en cause l’objectif même de la réduction des usages des pesticides», affirment huit ONG environnementales dans un communiqué commun. «Le Nodu doit rester l’indicateur de référence et de suivi du plan : c’est une ligne rouge pour nos ONG», selon ce communiqué signé notamment par Générations Futures, le WWF France, la Fondation pour la Nature et l’Homme ou la LPO.

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Ces ONG doivent participer ce lundi après-midi au ministère de l’Agriculture à un Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) avec le gouvernement, des élus et des représentants des agriculteurs, de l’industrie, sur l’avenir d’Ecophyto. Ce plan, qui vise une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal «le temps de mettre en place un nouvel indicateur» qui remplacerait le Nodu, principal outil de mesure français.

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Le Nodu, exprimé en hectares, prend en compte les quantités de substances actives vendues et leur dose de référence – ou «dose unité» – propre à chaque substance. Il évalue «notre dépendance aux pesticides, en évitant les biais liés aux grandes différences de doses homologuées entre molécules», explique l’Institut de recherches Inrae sur son site.

La FNSEA et l’industrie chimique contestent vivement le Nodu, à qui elles reprochent de ne pas refléter les efforts des agriculteurs, qui assurent avoir déjà réduit leur usage de pesticides de 46% en 20 ans. «Nos organisations ne peuvent cautionner ni ce déni de démocratie, ni ce retour en arrière de 15 ans, balayant en quelques jours des mois et même des années de travail collectif où nombre de parties prenantes ont œuvré pour la réussite du plan», poursuivent les ONG dans leur communiqué.

L’invitation au Cos de lundi «ne contenait ni ordre du jour ni documents de travail transmis en préparation de cette réunion», accusent les ONG : «Comment envisager dans ces conditions, en deux heures avec près de 80 participants et quatre ministres, qu’il s’agit là d’une volonté de travailler dans des conditions sereines ?»