Les agriculteurs ne relâchent pas la pression sur l’exécutif. Les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) étaient reçus ce mardi dans la matinée à Matignon par le premier ministre Gabriel Attal pour tenter de trouver une sortie de crise en dépit des nombreux gages déjà donnés par le gouvernement. Cette rencontre a eu lieu dans un contexte toujours tendu, une réunion prévue à l’Élysée ce même jour a été reportée.

Un peu plus de quinze jours après la fin du Salon de l’Agriculture, l’objectif pour les syndicats était clair : s’assurer que les 63 mesures promises par l’exécutif pour calmer la colère des agriculteurs soient clairement datées. «Nous voulons un calendrier clair sur les cinq blocs que sont les retraites, les moyens de productions (phytosanitaires, eau…), la compétitivité, les mesures de trésorerie et la rémunération», expliquait au Figaro, au sortir de la réunion Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.

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«On nous dit que nous avons obtenu énormément de choses, ce qui est vrai, reconnaît-il. Mais il faut maintenant que tout cela soit effectivement tenu pour sortir enfin de cette crise agricole. Nous voulons savoir quand et comment seront déployées les mesures promises. Nous avons bien compris que la loi d’orientation agricole arrivait rapidement, mais il y a beaucoup de choses qui ne dépendent pas de la loi. Comme le contrôle unique des exploitations ou les mesures de trésorerie. Tout cela doit être plus clairement daté.»

Les syndicats seront à nouveau reçus à Matignon lundi prochain, juste avant le Congrès annuel de la FNSEA, qui se tiendra cette année à Dunkerque. Avec en ligne de mire un rendez-vous avec le président de la République début avril, espère la FNSEA.

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Quelques heures plus tôt, Arnaud Rousseau avait appelé l’exécutif à «s’attaquer aux gros sujets» dans un entretien aux Échos publié ce mardi, réclamant notamment une accélération sur la question du stockage de l’eau et des «mesures fiscales» permettant de moderniser et de transmettre les exploitations.

Sur le stockage de l’eau, pour lequel le gouvernement a déjà annoncé des mesures de simplification, il demande à voir très vite des effets concrets : «Il faut commencer par rendre notre administration et nos procédures bien plus efficaces. Cela peut passer par des arrêtés ou du réglementaire, et donc aller vite.»

Arnaud Rousseau réclame également «une mesure fiscalement incitative qui pourrait pousser certains à transmettre plus tôt et accélérer la modernisation de notre agriculture», rappelant que «sur les 400.000 exploitations en France, au moins 150.000 sont concernées par un départ à la retraite dans les cinq à sept ans». Il suggère de relever de 20% à 50% l’abattement dont bénéficient les agriculteurs sur la taxe sur le foncier non-bâti, ce qui «coûterait autour de 150 millions aux finances publiques» selon lui.

Le président des JA Arnaud Gaillot a, de son côté, reconnu des avancées qui vont «dans le bon sens», mais déplore la lenteur du déploiement des mesures annoncées par le gouvernement. «Quand vous êtes l’élu politique, c’est vous qui commandez vos différents ministères. Et donc il faut secouer le cocotier matin, midi et soir», a plaidé Arnaud Gaillot mardi matin sur RTL.

Le gouvernement souligne le travail déjà effectué, avec «62 engagements» pris par Gabriel Attal, déclinés au fur et à mesure, que ce soit au niveau européen avec les jachères et les prairies, ou au niveau national avec une réflexion sur les phytosanitaires, le soutien à l’élevage ou l’agriculture bio.

Outre plusieurs centaines de millions d’euros de mesures d’urgence annoncées, le gouvernement a satisfait de nombreuses demandes des syndicats agricoles, au premier rang desquelles un «choc de simplification» pour faciliter le quotidien d’exploitants croulant sous une paperasserie complexe et des normes jugées inadaptées, par exemple pour la gestion des haies. Au cœur des discussions figure aussi le projet de loi d’orientation agricole qui sera présenté en Conseil des ministres le 29 mars.

Le mouvement de contestation s’est tassé depuis début février mais des actions sont encore menées sporadiquement. Lundi, des agriculteurs ont manifesté près de Toulouse pour protester contre un retard de versement des aides européennes ; mardi matin, des adhérents de la FNSEA du Nord ont déversé de la paille devant les locaux de la Direction régionale de l’environnement et de l’aménagement (Dreal) à Gravelines et accroché une banderole clamant «Pas de transition écologique sans agriculture viable !».