Café, croissant, terrasse : voici la carte postale de la capitale, et bientôt des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ? Alors que la Ville de Paris vient de décider que les terrasses estivales des bars et restaurants de la capitale pourraient exceptionnellement – du 1er juillet au 8 septembre – rester ouvertes jusqu’à minuit, au lieu de 22h aujourd’hui, cette nouvelle semble satisfaire les premiers intéressés. Les Parisiens sont en effet 81% à se dire favorables à cette ouverture tardive souhaitée par les professionnels du secteur, selon une étude de l’Ifop réalisée pour le GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations) auprès d’un millier d’habitants, et rendue publique ce mercredi. Et jusqu’à 93% estiment même qu’elles seront fréquentées à cette occasion, et 66% à les imaginer «très fréquentées».

«Non seulement les terrasses sont un élément constitutif de la vie quotidienne des Parisiens, qui les fréquentent pour prendre du temps pour eux, mais elles sont également un élément important du rayonnement de la capitale en France et bien au-delà à l’étranger», explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d’entreprise de l’Ifop. Pour preuve, la quasi-unanimité des Parisiens interrogés dans le cadre de cette étude estiment «que ces terrasses font partie intégrante de l’image associée à la ville, et participent à son rayonnement (92%)». «Les terrasses sont un élément du patrimoine touristique et identitaire parisien», confirme l’essayiste.

Et il est vrai que l’attachement des Parisiens à leurs terrasses est fort : 96% confient s’y rendre au moins une fois par an, dont plus de la moitié au moins une fois par semaine (52%). «C’est loin d’être anecdotique, c’est un élément central des habitudes des Parisiens», assure Jérôme Fourquet. Et ce, quel que soit leur âge ou leur origine sociale : l’étude note en effet que les terrasses s’inscrivent dans les habitudes hebdomadaires des 25 à 34 ans (71%), a fortiori des hommes de moins de 35 ans (70%, contre 62% des femmes du même âge), des catégories sociales supérieures (63%) et des ouvriers (62%). Une habitude ancrée dans le quotidien des Parisiens donc, «davantage que partout ailleurs», pointe d’ailleurs l’étude, alors que les Français «sont moitié moins nombreux à fréquenter les terrasses aussi souvent (25%)».

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Pourquoi les restaurateurs parisiens ont-ils commandé une telle étude ? «On en a assez depuis deux ans de ne pas avoir de données objectives à apporter dans les discussions face aux associations de riverains mécontents notamment. Ce n’est pas possible que le cas particulier d’une rue bruyante, comme la rue de la soif où tout le monde se plaint du bruit, ou qu’à cause d’un professionnel qui se comporte mal, on puisse sanctionner 6000 terrasses estivales», explique le président du GHR Paris Île-de-France Pascal Mousset, qui entend désormais utiliser cette étude pour «éclairer les décisions politiques» et «prouver à la ville que les terrasses font partie du patrimoine parisien».

Car les terrasses ne font pas toujours le bonheur des Parisiens. Depuis la crise sanitaire du Covid, et la tolérance accordée aux professionnels du secteur afin qu’ils puissent relancer leur activité, les terrasses avaient fleuri un peu partout sur les trottoirs et sur les places, de façon parfois anarchique. Et alors que la Ville de Paris a depuis édicté un règlement des étalages et des terrasses (RET), beaucoup d’abus sont encore à signaler. Résultat, il n’est pas rare de voir des collectifs d’habitants de certains quartiers, notamment les plus touristiques, se plaindre des nuisances engendrées par ces espaces. Soit parce que celles-ci sont trop étalées sur les trottoirs, et empêchent la bonne circulation des piétons, soit parce qu’elles ne respectent pas la limite horaire de 22h et restent ouvertes bien plus longtemps.

À ce sujet, le président du GHR Paris Île-de-France répond sans détour : «Ce n’est pas dans l’intérêt des professionnels de ne pas respecter les règles, mais nous resterons attentifs à ce qu’elles le soient.» Car ce professionnel de la restauration voit déjà plus loin et porte l’ambition de pérenniser ce dispositif «tous les étés», avec une ouverture des terrasses estivales étendue jusqu’à minuit. «Mais la réalité, c’est que beaucoup de Parisiens veulent profiter des terrasses mais pas en bas de chez eux», ironise-t-il, avant de rappeler que «l’été 2023 s’est très bien déroulé», et que «peu de verbalisations avaient été dressées».