Une centaine de personnes ont exprimé dimanche leur inquiétude et leur colère à Rouen au lendemain de l’annonce du report sine die de la réouverture d’une école pour cause d’amiante découverte sur les sols après l’incendie il y a une semaine de deux immeubles désaffectés.
Le groupe scolaire des Pépinières restera fermé «jusqu’à nouvel ordre» après les résultats d’une nouvelle série d’analyses qui ont fait apparaître que de l’amiante était présente au sol, à la fois en intérieur et en extérieur des bâtiments du groupe scolaire, a annoncé la mairie samedi soir. Au total, la fermeture concerne 15 classes et 350 élèves qui seront scolarisés dans d’autres établissements dont l’école Rosa Parks, distante de quelques centaines de mètres de celle des Pépinières. « Il va y avoir une nouvelle campagne (de mesures) dans l’école des Pépinières et dans le quartier autour. Il faut vérifier », promet le maire. L’élu a assuré appliquer « le principe de précaution ».
«J’étais enceinte au moment de l’incendie Lubrizol (un accident dans une usine chimique de Rouen en 2019, NDLR). Je suis partie de Rouen pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, mon fils a quatre ans. Est-ce que vous le mettriez à l’école Rosa Parks si c’était votre enfant, M. Le maire ? », a interrogé une jeune mère, très émue et en larmes, lors d’une réunion publique. Celle-ci avait été organisée par la mairie après l’incendie, suivi de l’effondrement dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre de deux immeubles inhabités datant des années 1970. « Rosa Parks, oui. Les Pépinières, non », a répondu le maire, Nicolas Mayer-Rossignol.
D’autres habitants du quartier s’inquiètent de la contamination de leur logement. « Il fallait évacuer les gens. Il y a de l’amiante dans l’école. Donc, il y en a aussi dans les logements », s’est exclamée une femme en colère. « Il y aura des campagnes de mesures dans les logements Rouen Habitat à proximité du lieu de l’incendie », a tenté de rassurer Nicolas Mayer-Rossignol, en prévenant que l’enlèvement des débris prendra « plusieurs semaines au minimum ».
« Je comprends la colère des habitants », commente auprès de l’AFP Gérald Le Corre, responsable de la CGT de Seine-Maritime et membre du collectif Lubrizol. Il rappelle qu’une seule fibre d’amiante « peut produire un mésothéliome (cancer provoqué par l’amiante, ndlr) dans 30 ou 40 ans ».