Les élections européennes de 2024 vont-elles ressembler à celles de 2019? Elles pourraient bien avoir des airs de match retour entre le Rassemblement national et Renaissance, qui avait alors terminé au coude-à-coude dans les urnes. À la différence que Jordan Bardella semble cette fois creuser l’écart, comme le révèle notre dernier sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio. À huit mois des élections européennes, qui auront lieu en juin 2024, la liste RN s’envolerait à 28 % des intentions de vote, distançant de 8 points son adversaire macroniste. Une percée que n’avait jamais connue le parti de Marine Le Pen, déjà en tête du dernier scrutin européen avec 23,4 % des voix.Le parti présidentiel, lui, plafonnerait à 20 % et ce, quelle que ce soit la tête de liste choisie parmi les deux noms qui circulent: Stéphane Séjourné, patron de Renaissance, et Thierry Breton, commissaire européen du Marché intérieur. «Dans ces deux options, la majorité tient le choc sur ce scrutin. C’est un vote de marque partisane, plus qu’un vote d’incarnation», analyse le directeur général de l’Ifop, Frédéric Dabi. Qu’importe l’identité du chef de file, Renaissance et ses alliés sécuriseraient le vote de plus d’un tiers (34 %) des retraités. Ni l’un ni l’autre ne parviendrait en revanche à attirer celui des classes populaires, qui voteraient massivement (39 %) pour le RN.
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Dans son envolée, Jordan Bardella écrase aussi le match à droite, où ses concurrents peinent à tutoyer la barre des 10 %. Chez Les Républicains, on veut d’abord limiter la casse en faisant au moins autant que les 8,48 % de 2019. La liste conduite par l’eurodéputé François-Xavier Bellamy – qui n’a pas encore été investi par le parti – se maintiendrait, comme souhaité, autour de 8 %. Et ce, sans que des voix ne partent chez Reconquête! et sa tête de liste, Marion Maréchal. La candidature de la nièce de Marine Le Pen recueillerait 6 % des intentions de vote, la privant du duel tant espéré avec Jordan Bardella. D’autant que le patron du RN parvient à raccrocher le vote de 42 % des électeurs d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022. «Marion Maréchal était passée sous les radars des Français. Pour l’instant, son espoir de faire revenir un électorat RN dans le giron de Reconquête! est voué à l’échec», décrypte Frédéric Dabi.
À gauche, où l’horizon d’une liste commune n’est pas d’actualité, les trois principales formations de la Nupes (LFI, PS et EELV) se tiennent dans un mouchoir de poche. Mais sans qu’aucune ne franchisse non plus le seuil des 10 %. «La gauche désunie est à un niveau faiblissime. Elle n’apparaît pas en situation de troubler le duel entre le RN et Renaissance», commente Frédéric Dabi. Bien décidée à ne pas lâcher l’affaire de l’union, La France insoumise (LFI) n’a pas encore reconduit son ex-tête de liste, Manon Aubry, dont la candidature n’est un secret pour personne. Une liste emmenée par l’eurodéputée engrangerait 9 % des intentions de vote, soit le plus haut score à gauche. Mais l’Insoumise ne réussirait à conserver qu’entre 40 % et 42 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Une partie d’entre eux (20 %) se tournerait même vers les socialistes, dont la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann plafonnerait, elle aussi, à 9 %.
Les Verts, qui ont les premiers tourné le dos aux avances de leurs alliés Insoumis, peinent quant à eux à réitérer l’exploit de 2019. En recueillant 13,5 % des voix, ils s’étaient imposés comme la première force politique à gauche, poussés par le regain d’intérêt pour les sujets environnementaux à l’échelle européenne. Cette fois, la candidature de l’eurodéputée Marie Toussaint stagnerait entre 8 % et 9 % des intentions de vote.
Pas franchement emballés par les velléités d’union, les communistes se sont eux aussi lancés très tôt dans la course aux européennes en désignant Léon Deffontaines comme chef de file. Bien qu’à la traîne derrière les autres partis de gauche, la liste emmenée par l’ancien patron des Jeunes communistes passerait le cap fatidique des 5 % – lui permettant d’envoyer un eurodéputé à Strasbourg.