Alors que le PSG change de système, Fabian Ruiz change de braquet. En fait, les deux sont sans doute liés… Recruté en fin de mercato l’été dernier après quatre (belles) saisons à Naples, l’international espagnol (15 sélections, 1 but) n’a pas franchement impressionné dans un premier temps. Il faut dire que le 3-4-3 mis en place par Christophe Galtier d’entrée de jeu ne laissait que peu d’espaces aux milieux de terrain, sachant que la paire Verratti/Vitinha s’est vite imposée comme une évidence. Ruiz n’a donc débuté aucun des quatre matches du Paris-SG en Ligue des champions, restant même scotché sur le banc contre la Juventus (2-1). Au gré des absences, de la gestion des temps de jeu dans cette saison pré-Coupe du monde, il a toutefois disputé les six derniers matches de Ligue 1 et été injecté dans le onze de départ lors des cinq derniers. Plutôt bon à Lyon (0-1), au mieux neutre à Reims (0-0) et contre Nice (2-1) en 3-4-3, on l’a vu hausser le ton contre l’OM (1-0) et à Ajaccio (0-3), en 4-3-1-2.
La machine est-elle lancée ? Après Ajaccio, Galtier n’était en tout cas «pas surpris» par la performance de l’ancien joueur du Betis Séville, rappelant être tombé sous son charme, comme Luis Campos, lors du nul entre Paris et le Napoli (2-2), en 2018, avec ce but salvateur d’Angel Di Maria. «Il a eu une préparation compliquée puisqu’il était en instance de départ. Il a été mis à l’écart du groupe en attendant son transfert et s’est entraîné seul. Il est arrivé tard et à court physiquement, avec très peu de séances sur un plan technico-tactique. On savait qu’il y aurait besoin d’un temps d’adaptation et qu’il faudrait être patient», raconte le coach parisien, soulignant que l’intéressé «n’a pas brûlé les étapes. Il a fait le travail en grand professionnel. Il a fait des compléments de séance, il était là très tôt le matin et partait après les autres pour se remplir au fur et à mesure», a encore expliqué «Galette», convenant que «ses premières apparitions n’ont pas été au niveau des attentes. Il a gardé la confiance du staff et de ses partenaires, on savait qu’il allait élever son niveau de jeu.»
Fabian Ruiz n’est en effet pas un nouveau venu. On connaît la qualité de sa patte gauche, sa faculté à jouer long, à percuter balle au pied, à gérer le jeu. Un joueur élégant, parfois critiqué pour son dilettantisme et qui n’a pas toujours l’impact que son physique (1,89m) semble commander. Sur ce dernier point, l’intéressé a toutefois démontré qu’on peut lui faire confiance aussi depuis quelques matches, ratissant un nombre impressionnant de ballons et se montrant solide dans les duels. Package complet, même si son registre, c’est plus la construction du jeu de son équipe que la destruction de celui de l’adversaire, c’est un fait un bien établi.
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Certains ont vu dans ses dernières prestations un savoureux mélange entre Javier Pastore et Thiago Motta. «C’est toujours bien d’être comparé à de grands joueurs mais chacun a ses propres caractéristiques. J’essaie d’apporter ce que je sais faire», corrige-t-il, avant d’affronter le Maccabi Haïfa. «On a un peu souffert pendant 25-30 minutes (à l’aller), mais on a su changer les choses et l’emporter (3-1). J’espère qu’on pourra avoir la même intensité. C’est un match très important pour nous, à domicile, avec nos supporters», jure-t-il. Un match qui pourrait ouvrir les portes des 8es de finale au Paris-SG.
Sauf surprise, Ruiz fera de nouveau partie du onze de départ dans ce nouveau milieu à trois ce mardi (21h), lors de la cinquième journée de C1. D’autant que l’indispensable Marco Verratti manque à l’appel. «Je le connaissais déjà, tout le monde le connaît en fait. C’est un très grand joueur et une personne incroyable. Il m’a beaucoup aidé au début, sachant que je parle italien. Il m’a beaucoup parlé. C’est très facile de jouer à ses côtés, il a d’immenses qualités et il t’aide beaucoup. On a de très grands joueurs et Verratti en fait partie. C’est une grande satisfaction pour moi de jouer avec les plus grands», savoure Ruiz, qui connaît aussi l’importance d’un trio offensif composé de «trois joueurs de classe mondiale que tout entraîneur aimerait avoir», dixit Galtier, la fameuse «MNM». «Pour un milieu, c’est un immense plaisir d’avoir ces trois joueurs devant lui, de pouvoir leur passer le ballon et qu’ils puissent trouver la solution pendant les matches. Ce sont des joueurs incroyables, ils peuvent te faire gagner en une minute. C’est essentiel. Je suis là pour qu’ils se sentent bien sur le terrain et apporter tout ce que peux», assure-t-il.
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Reste à savoir si Ruiz a réellement l’étoffe d’un titulaire à part entière dans cette équipe de galactiques, lui qui a «eu des sensations excellentes sur les deux derniers matches. J’espère que ça va continuer sur les prochains», ambitionne-t-il. Et ce, que Galtier opte pour le 4-3-1-2 ou le 3-4-3, qu’il n’a «pas radicalement abandonné». «Je peux m’adapter aux deux façons de jouer», martèle-t-il.
Ça tombe bien, Christophe Galtier n’écartant pas l’idée d’alterner entre les deux systèmes à l’avenir. Le technicien de 56 ans ne cache toutefois pas que le niveau de Fabian Ruiz est l’une des raisons qui l’a poussé à passer à trois au milieu, en plus des absences des uns et des autres derrière. «J’ai à ma disposition des milieux de qualité. Dans le premier modèle de jeu, à cinq derrière avec deux milieux, il y en avait beaucoup sur la touche. Il a fallu attendre que Fabian et d’autres montent en puissance afin de travailler sur la réflexion que j’avais. Évidemment, Fabian joue dans une position qui lui est habituelle et dans une zone préférentielle, c’est là qu’il est le plus performant. Pour modifier de manière importante une organisation et un modèle de jeu, il me faut des joueurs très spécifiques. Dans ce sens-là, Fabian est un joueur spécifique par rapport à cette organisation», explicite l’ancien entraîneur de l’ASSE, Lille et Nice, conquis.
A priori, Luis Enrique l’est un peu moins… Champion d’Europe U21 avec l’Espagne en 2019, un an avant sa participation à la conquête d’une Coupe d’Italie à Naples, ses deux seuls trophées majeurs, Fabian Ruiz n’a plus été appelé avec la Roja depuis l’Euro, à l’été 2021. Pas de quoi rêver à haute voix d’une place dans le groupe espagnol pour la Coupe du monde (20 novembre-18 décembre)… «Je n’ai pas de problème avec le sélectionneur, je n’en ai jamais eu. Je souhaite le meilleur à mon pays. Mais je suis davantage concentré sur le PSG, sur le fait d’apporter tout ce que je peux à l’équipe et notamment sur le match de (ce mardi). C’est la seule chose à laquelle je pense pour l’instant», assure-t-il… en espagnol, ambitionnant de maîtriser la langue de Molière. «Je commence à prendre des cours et j’espère que je pourrai donner ma prochaine conférence de presse en français», s’amuse-t-il. En attendant, il parle déjà le même football que ses petits camarades du PSG, c’est bien l’essentiel. À confirmer.