«Ce serait complètement fou de virer Allegri à ce moment de la saison. Il a un projet ici à la Juventus à développer dans les quatre prochaines années», a affirmé Maurizio Arrivabene, membre du conseil administratif du club turinois. Cette déclaration faite au micro de DAZN quelques heures avant le revers des Bianconeri contre Monza dimanche (1-0), lors de la 7e journée de Serie A, n’a pas aidé à calmer les ardeurs des tifosi. Pire encore, ces mots ont mis en lumière un constat criant : la crise turinoise se transpose également dans les bureaux de la direction.
Avec dix points pris en sept journées (2 victoires, 4 nuls, 1 défaite), la Juventus réalise un début de saison loin de ses standards habituels. Seulement 8es du championnat, à égalité de points avec son rival du Torino, les Bianconeri traversent une véritable crise identitaire avec deux revers en deux rencontres de Ligue des champions (Paris, Benfica). Entre les cadres vieillissants, la multiplication des blessures et l’irrégularité des nouveaux joueurs, le système turinois a perdu toute efficacité et cohérence.
S’il ne «se sent pas en danger», Allegri est dans le viseur de plusieurs personnes au club, à commencer par ses joueurs notamment Angel Di Maria. L’Argentin s’est déjà fait remarquer mercredi contre Benfica lorsqu’au coup de sifflet final, il s’est plaint auprès de son coéquipier Arkadiusz Milik du choix de l’entraîneur italien d’avoir remplacé le Polonais (70e), l’une des seules satisfactions de la Juve en ce début de saison. Face à Monza dimanche, l’ancien Parisien a assené un violent coup de coude à Armande Izzo, expulsion logique qui a laissé la Juve en infériorité numérique pendant plus de 50 minutes.
Difficile d’intégrer un soupçon de constance dans la situation des Bianconeri quand Massimiliano Allegri change constamment de dispositifs. Un 3-5-2 en Ligue des champions pour un 4-4-2 ou un 4-3-3 en championnat. Voilà qui handicape l’intégration défensive de Gleison Bremer ou encore l’installation d’automatismes offensifs autour de Dusan Vlahovic. Cette Juventus manque de leaders et ainsi de collectif pour retrouver sa domination régulière d’antan.
Histoire de rendre cette crise encore plus totale : même les dirigeants sont en profond désaccord sur le chemin à prendre dans les prochaines semaines. Et la philosophie interne de la Vieille Dame n’aide pas à trouver des solutions puisque aucun véritable dirigeant semble prendre le pas sur les collègues. Aujourd’hui, il est difficile de déterminer qui tient la barre de ce navire en constante perdition.
La direction est composée de plusieurs têtes-pensantes : Andrea Agnelli est toujours le président et propriétaire du club, bien qu’il se fasse de plus en plus discret dans les médias ces dernières années. Federico Cherubini campe officiellement le rôle de directeur sportif, alors que Maurizio Arrivabene, membre du conseil administratif au club et ancien dirigeant de la Scuderia Ferrari en Formule 1, semble être celui qui s’exprime le plus souvent devant la presse pour défendre les décisions sportives. Dernier homme fort des bureaux turinois : la légende Pavel Nedved a été promue vice-président de la Juventus.
Ce fonctionnement sans véritable leader est symptomatique des soucis du club. Alors qu’Arrivabene ne cesse de monter au front pour défendre Massimiliano Allegri, d’autres comme Nedved veulent officiellement tourner la page et trouver un nouveau tacticien. Après la défaite contre Monza, aucun de ces hommes n’a pris la parole devant les journalistes présents en Lombardie. Mais les dernières informations montrent que l’heure n’est pas (encore) au changement. Allegri est maintenu et tentera de trouver un moyen de sortir du labyrinthe dans lequel tout le monde, entraîneur, équipe et dirigeants, semble emprisonné.
Si la tendance est au statu quo à Turin, la situation de l’entraîneur reste compliquée : que se passerait-il, économiquement, si la Juventus décidait de limoger l’entraîneur natif de Livourne ? Lors de son retour à la Juventus en mai 2021, Massimiliano Allegri avait trouvé un accord allant jusqu’en 2025 d’une valeur de 7 millions d’euros nets (soit environ 12,95 millions d’euros bruts).
Compte tenu des trois mois déjà écoulés cette saison, Allegri n’a pas encore reçu de son contrat près de 19 millions d’euros nets, dont 5 pour le reste de l’année et 14 pour les deux prochaines saisons, pour une valeur brut d’environ 36 millions d’euros : c’est donc le montant que la Juventus devrait payer à l’entraîneur en cas d’exemption. Un chiffre que le club pourrait déjà écarter sur l’exercice au 30 juin 2022 (avec une perte attendue d’environ 250 millions) si l’exonération arrivait avant l’approbation définitive du budget.
Une démarche qui aiderait au respect des enjeux du fair-play financier, étant donné que le coût de l’exonération se trouverait dans un budget non repris parmi ceux de la prochaine analyse de l’UEFA. La Juventus pouvant enregistrer un déficit budgétaire cumulé d’un maximum de 60 millions d’euros sur les trois années entre 2023-24 et 2025-26.
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En toute logique, la presse transalpine n’a pas tardé à lancer à la pelle de nombreuses rumeurs pour l’identité d’un successeur tant attendu par les tifosi, après l’explosion du «
La solution interne, qui mène tout droit au nom de Paolo Montero, resterait la plus réaliste mais aussi la plus crédible pour son sentiment d’appartenance au club – un aspect qui semble un peu trop manquer à l’équipe ces dernières semaines. Un choix que les supporters accueilleraient d’un bon œil en ce moment de crise. L’ancien défenseur, désormais à la tête de l’équipe Primavera (Espoirs), est reconnu comme l’un des hommes les plus représentatifs de l’ADN de la Juventus.