Une péniche le long des quais de Seine. Les Républicains de Paris ont choisi le Paquebot comme théâtre de leur rentrée politique, mercredi 21 septembre au soir. Si certains plaisantent avec des allusions au Titanic, Agnès Evren, présidente de la deuxième fédération LR la plus importante de France (après celle des Alpes-Maritimes), peut se réjouir : l’embarcation amarrée au quai de Javel, dans le 15e arrondissement, est pleine. Sur les 850 personnes attendues, l’élue estime que près de 700 militants sont présents.
«Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu autant de monde dans une réunion de la fédération», souligne Martine, 73 ans, visiblement ravie par l’ambiance. La présence de quatre candidats à la présidence des Républicains aurait suscité une vive curiosité chez les adhérents. D’autant plus que les élus en question n’ont pas tous la même notoriété. Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, profite peut-être d’une visibilité acquise lors de la dernière présidentielle qui lui avait permis d’arriver en seconde position à la primaire. Mais nombre d’adhérents s’interrogent encore au sujet du sénateur de la Vendée Bruno Retailleau, du député du Lot Aurélien Pradié ou du maire d’Orléans Serge Grouard. «Nos militants savent aussi que nous sommes en danger de mort et il y a une forte attente de sursaut à droite», avance l’un des organisateurs pour expliquer la fréquentation.
«Ciotti président ! Ciotti président !». Avant les premiers discours d’Agnès Evren, Rachida Dati et Annie Genevard, certains supporters veulent marquer les esprits mais l’organisatrice calme rapidement le jeu. Hors de question de faire vivre la compétition de cette manière. «Je vous demande de respecter chacun des candidats qui nous fait l’honneur de sa présence», réclame la présidente. Tout le monde est réuni pour entendre des élus qui ont la prétention de faire renaître un espoir au sein d’une droite marquée par trop d’échecs. Chacun défend ses ambitions avec son style et son tempérament mais Rachida Dati les met en garde: «La seule chose que je vous demande, c’est de ne pas nous décevoir. Préservez notre unité ! », leur lance-t-elle.
Éric Ciotti, premier à prendre la parole, commence par pointer la situation générale d’un «pays qui sombre» et qu’il faut redresser. Pour ce faire, il propose une «feuille de route» et plaide pour la «clarté». Pour lui, la victoire de Rachida Dati aux municipales à Paris en 2026 devra être la première étape avant celle de Laurent Wauquiez à la présidentielle l’année suivante.
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Il assume ses choix en insistant sur l’urgence d’organiser rapidement le parti LR en fonction d’objectifs précis, au nom d’une «droite qui ne s’excuse plus». Les fans de l’élu du sud ne sont pas déçus. «Ciotti sait parler aux militants», glisse un député.
Avec une fibre plus locale, le maire d’Orléans rejoint le micro pour faire, lui aussi, un constat accablant de la situation de la France. «On est dans le pétrin les amis !», lance-t-il, en vantant son regard d’élu local sur la «réalité du quotidien». Le candidat appelle les militants au rassemblement et au combat. Partisan de la «chasse en meute», il veut «mettre Macron au pied du mur». Lui aussi évoque une feuille de route pour redresser les choses.
Quand Aurélien Pradié, le plus jeune des candidats, est invité à s’exprimer, ceux qui le connaissent bien ne sont pas surpris. Après avoir remercié tous ceux qui «ont tenu bon», le député du Lot déroule ses lignes de force: la promesse républicaine, une droite capable d’incarner un espoir, l’ascenseur social… «La seule droite que je connaisse est la droite populaire», lance-t-il sous les applaudissements, avant de vanter «le courage et le tempérament» comme les qualités indispensables d’un président de parti qui «ne doit pas être là pour chauffer la place».
Enfin, c’est Bruno Retailleau qui ferme le bal de cette chaude soirée. La partie n’est pas facile puisque l’assistance se fait plus distraite au fil des minutes mais le sénateur sait qu’il doit surprendre. «Ce soir, je vais vous parler avec mes tripes même si je peux vous choquer». Le parlementaire, qui veut un «nouveau parti», ajoute: «Les Français ne nous croient plus». Il fait le pari de la lucidité pour mieux défendre l’urgence d’un sursaut à droite. Il promet aux militants de ne pas les considérer comme de simples «distributeurs de tracts» mais de les associer à des référendums internes sur chaque grande décision d’un parti décentralisé. Une vraie droite, la fin de l’assistanat, une solidarité qui doit se mériter, une réplique à l’islamisme, des Français consultés sur la maîtrise de l’immigration… Bruno Retailleau termine son intervention musclée en évoquant un «combat de civilisation» et en faisant le «serment» de ne jamais trahir les «valeurs» et les «convictions» de la droite.
Animés par cette série de discours énergiques, les invités de la fédération de Paris semblent contents. Tiffany, une jeune congolaise de 39 ans, a pu faire un selfie avec son préféré, Éric Ciotti. Un peu plus loin, Betty 78 ans, comme Karine, 50 ans ou Gérard 79 ans, se disent séduits par «l’élan», «la simplicité» et «l’authenticité» de Bruno Retailleau qui vient de les surprendre. Après un verre de champagne et un filet de lotte, les convives n’en sont pas encore aux pronostics mais de toute évidence, la campagne pour la présidence des Républicains est bien lancée. Et la fédération de Paris s’est offert un aperçu alléchant de la compétition, alors que les candidats n’ont pas encore franchi l’étape incontournable des parrainages.