En apparence, tout les sépare : leurs âges, leurs tenues, leurs parcours, leurs activités… Pourtant, Bruno Le Maire n’a pas eu de mots assez tendres à l’égard des influenceurs à l’occasion d’une matinée de débat organisée par leur nouveau syndicat, l’UMICC (Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenus). Les discussions portaient sur la loi encadrant les pratiques des influenceurs promulguée avant l’été. «Vous êtes à mes yeux une force économique qui compte désormais en France, à côté d’autres secteurs plus traditionnels comme l’aéronautique, l’automobile, le luxe… Vous êtes une force économique majeure de notre pays», a insisté à plusieurs reprises le ministre de l’Économie devant plus de 300 entrepreneurs des réseaux sociaux.

Bruno Le Maire a paré aux moqueries dont font parfois l’objet les influenceurs, estimant qu’ils pratiquaient un «vrai métier». «Je l’ai vu en regardant les travaux de Squeezie (le créateur de contenu francophone le plus suivi, NDLR) et d’autres : ça demande beaucoup de travail, beaucoup de préparation, beaucoup de professionnalisme», a-t-il témoigné.

Cette ode au secteur de l’influence et de la création de contenu était également émaillée de chiffres. Le ministre a par exemple rappelé le nombre «considérable» d’influenceurs en France – 150.000 selon lui – et les «milliards de vues, les millions d’euros de chiffre d’affaires, les milliers d’emplois» qu’ils génèrent grâce à leurs activités. Le numéro 2 du gouvernement s’est même laissé aller à une petite boutade sur son avenir personnel en assurant qu’il n’excluait pas de devenir lui-même influenceur «dans les années à venir».

À en croire les rires et les applaudissements, l’opération séduction a plutôt bien fonctionné. Parce qu’il faut dire que le ministre de l’Économie et des Finances avait face à lui des professionnels très remontés. La loi dite «influenceurs» qui doit encadrer les activités du secteur est perçue d’un très mauvais œil par les premiers intéressés. Ils regrettent notamment que certaines dispositions stigmatisent leur métier.

Dans un échange qui a suivi son discours, Bruno Le Maire s’est engagé à la création d’un «groupe de travail permanent», où siégeront les représentants des créateurs de contenu sur Internet et les administrations de l’État, afin que les décrets d’application de la loi soient le plus conformes possible aux aspirations du secteur. L’UMICC s’est félicité de cette nouvelle.

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Après avoir longuement cajolé les influenceurs, le ministre de l’Économie n’a pas manqué de les rappeler à leurs responsabilités. «Quand on est un grand secteur économique de la nation, qu’on représente des centaines de milliers d’emplois et des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, ça appelle évidemment une régulation. C’est ce que nous avons voulu faire (avec cette loi)», a-t-il professé. «La régulation, c’est d’abord une protection. C’est vous assurer que l’influence, ce ne sera pas le Far West», a-t-il lancé à son auditoire, estimant que «cette loi est une reconnaissance pour (leur) travail».