C’est une «première mondiale» nous dit-on, tant la technologie est dernier cri. Les tout premiers bus biarticulés, 100% électriques, longs de 24 mètres (le maximum de ce que la législation européenne autorise) et alimentés par des batteries haute puissance vont débarquer en Île-de-France d’ici quelques mois. Imaginés par l’entreprise familiale belge Van Hool et l’entreprise française Alstom, ils ont été spécifiquement conçus pour Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports en commun dans la région, pour venir équiper la ligne T Zen 4 à l’été 2024. Là, sur cette ligne «à haute qualité de service» qui reliera Viry-Châtillon et Corbeil-Essonnes (Essonne), trente de ces bus nouvelle génération viendront remplacer les bus de la ligne 402 «aujourd’hui saturée». Et d’ici quelques années, vraisemblablement après 2027, vingt-six autres seront déployés sur la ligne T Zen 5, qui reliera Paris à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).
«Une véritable innovation» selon IDFM, qui promet des «trajets plus confortables, performants et respectueux de l’environnement». Plus spacieux, ces bus électriques pourront accueillir 140 voyageurs, soit «40% de plus que des bus articulés et deux fois plus que les bus standards». Ils seront également plus lumineux, équipés de ports USB et d’écrans d’information, climatisés, accessibles aux personnes aux mobilités réduites (PMR) et dotés de caméras de vidéosurveillance. En outre, ils feront appel à l’intelligence artificielle (IA) afin de piloter finement la recharge. L’outil en question sera en effet capable d’indiquer les besoins de charge et d’ajuster en fonction la gestion de l’énergie «pour favoriser une longue durée de vie des batteries».
À lire aussiCouacs, retards et pénurie… Pourquoi l’agonie du célèbre ticket de métro en carton s’éternise
Autant de caractéristiques qui n’auront d’intérêt que si le bus part et arrive à l’heure. Et c’est bien là la petite révolution par rapport à la situation actuelle, puisque le T Zen 4 – qui circulera en site propre avec des voies dédiées et une priorité aux carrefours – doit rouler à une vitesse de croisière de 26 km/h. Contre environ 13 km/h en moyenne pour l’ensemble des bus franciliens et moins de 8 km/h de moyenne pour les bus parisiens. «C’est un bus qui offre les performances d’un tramway, mais qui nécessite moins d’infrastructures et coûte, de fait, beaucoup moins cher», résume Stéphane Beaudet, le vice-président de la région Île-de-France chargé des transports. L’élu, maire d’Evry-Courcouronnes, estime que les travaux de mise en service d’un tramway aurait coûté «3 à 4 fois plus cher», contre 140 millions d’euros pour les réaménagements réalisés pour l’arrivée du T Zen 4 dans sa municipalité. Auxquels il faut rajouter 30 millions d’euros pour les bus. Soit un budget de 170 millions d’euros.
Avec 3,9 millions de trajets chaque jour tout au long de 1500 lignes, le réseau de bus de l’Île-de-France «est l’un des plus denses du monde, et bientôt l’un des plus économes en émissions de CO2», veut croire en outre IDFM. Le résultat d’une politique mise en place en 2016 par la présidente de la région Valérie Pécresse, qui avait lancé son grand plan bus et souhaité le renouvellement de près de 11.000 bus en moins de 10 ans. Depuis cette promesse, l’autorité en charge a acheté plus de 4000 bus propres, soit le renouvellement de près de 40% du parc existant à ce stade. Parmi eux, 12% sont des véhicules hybrides, 18% sont des véhicules biométhane et 7% des véhicules électriques. Et l’objectif est ambitieux : «équiper 100% de la flotte en véhicules propres dès 2025 en zones urbaines denses, et 2029 pour l’ensemble de la région francilienne».
«Le remplacement entre 2014 et 2020 par Île-de-France Mobilités de plus de 2000 bus (Euro II, III et IV) sur un parc de plus de 9000 véhicules par des bus plus récents (bus Euro VI, hybrides, GNC et électriques) a réduit d’environ un tiers les émissions annuelles d’oxydes d’azote (NOx), de particules à l’échappement (PN) et de moins de 5% les émissions de CO2 des bus», avait d’ailleurs pointé du doigt une étude d’Airparif, menée en 2021 par l’Observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France sur les émissions de polluants de l’air des bus en conditions réelles d’exploitation. De quoi rendre plus attractif ce mode de transports délaissé au profit de solutions moins risquées pour arriver à l’heure, mais indispensable en petite et grande couronne que le réseau ferré ne dessert pas toujours.