Alors que plus de la moitié des Français se déclarait satisfaite des infrastructures du pays il y a deux ans, ils ne sont plus que 38% en 2023. C’est la principale information relevée par Ipsos dans son enquête annuelle Globale Infrastructure Index publiée, ce lundi 30 octobre. Une moyenne en chute libre, qui était à 53% en 2021, lors de la dernière étude sur le sujet, mais qui est toutefois supérieure à celle des pays du G7 (33%) et de l’ensemble des pays européens (32%). Aéroports, routes, réseaux ferroviaires ou encore systèmes de protection contre les inondations… Quels sont les domaines qui suscitent le plus d’inquiétudes chez les Français ? C’est la question qu’a posée le spécialiste mondial des études de marché.

Sans surprise, un certain nombre d’infrastructures bénéficient d’un niveau de satisfaction constant, voire en hausse. C’est le cas notamment des technologies de la communication (64% contre 50%), du réseau ferré (52% contre 41%) ou encore du réseau routier secondaire (50% contre 44%). Autre exemple : l’opinion des Français vis-à-vis de leurs aéroports est assez semblable en 2021 et en 2023, avec un taux de satisfaction qui est passé de 67 à 66% en deux ans. «Les transports affichent un bon score, tout comme les outils technologiques et de télécommunication. Preuve que les investissements opérés ces dernières années portent leurs fruits», explique Alexandre Guérin, le directeur général d’Ipsos France, qui prend l’exemple du développement de la fibre partout dans le pays comme élément porteur dans la satisfaction des Français dans leurs infrastructures.

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Mais alors, comment expliquer que les Français sont de moins en moins satisfaits de leurs infrastructures ? Justement parce qu’au contraire, certaines infrastructures affichent un faible niveau de satisfaction. Deux éléments tirent la moyenne française vers le bas, avec seulement 41% de Français se disant satisfaits ou très satisfaits par les énergies alternatives, à l’instar du solaire et de l’éolien – par manque d’investissement -, et surtout 28% seulement par les infrastructures de recharge pour les véhicules électriques. «Le réseau de bornes de recharges en France reste très insatisfaisant pour les Français», confirme Thierry Lalande, le directeur automobile et mobilité Ipsos France, qui souligne que c’est sans doute la raison pour laquelle ils sont encore «peu à se convertir au véhicule électrique».

«Quelque part, on est assez bien positionné concernant les infrastructures dites “historiques” de transports, nous sommes très bons sur les routes et les aéroports, un peu moins bon sur le rail mais dès qu’on parle de bornes de recharge par exemple, le taux de satisfaction chute à 28%», relève Alexandre Guérin. Le directeur général d’Ipsos France évoque la double problématique, d’un côté «de la complexité d’utilisation» et de l’autre «de la thématique du financement» de ces infrastructures. Et d’évoquer d’autres études réalisées par Ipsos, qui pointait déjà du doigt en 2022 qu’«un Français sur deux pensait que la voiture électrique ne serait pas un phénomène durable», alors qu’aujourd’hui, «on est dans un monde où on commence à voir de manière tangible du changement climatique».

À ce sujet, l’étude souligne que les Français «voient une source prioritaire d’investissement» dans le solaire (pour 38%), au même niveau que l’approvisionnement en eau, et devant les systèmes de défense contre les inondations (37%) et l’énergie nucléaire (30%). Pour plus de la moitié d’entre eux, «investir représente une importante contribution dans la lutte contre le changement climatique». C’est toujours moins que la population mondiale (59%), mais «les Français accordent une place de plus en plus importante aux infrastructures de transition, et reconnaissent qu’on n’est pas au niveau», fait savoir Alexandre Guérin. Selon Ipsos, 61% des Français considèrent aussi que les infrastructures ne sont pas à la hauteur des défis climatiques (59% dans le monde) et 57% que leur développement est trop lent (60% dans le monde). «Historiquement, c’est du jamais vu en France et au niveau mondial», constate le directeur général d’Ipsos, qui évoque un sursaut écologique.