Ne pas se laisser à nouveau dépasser par une colère inattendue. Depuis le début du mouvement de protestation des agriculteurs mi-janvier, le gouvernement n’a cessé de répondre présent. Réunions à Matignon, déplacements dans des exploitations, annonces en série… L’exécutif a sorti les grands moyens. Si les mesures proposées ces dernières semaines ont permis de faire descendre la pression, les syndicats agricoles restent méfiants. Et attendent du concret. Rapidement.

Une urgence d’autant plus pressante que s’ouvre, samedi 24 février, le traditionnel Salon de l’agriculture. Emmanuel Macron a beau s’attendre à y être bousculé, il veut à tout prix calmer les mouvements d’humeur. Voilà pourquoi, après avoir reçu la Confédération paysanne et la Coordination rurale mercredi dernier, le président de la République a invité la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ce mardi à l’Élysée.

Selon son entourage, le chef du gouvernement évoquera la réécriture du projet de loi agricole, qui avait été suspendu au début de la crise, ainsi que le suivi et l’exécution des mesures déjà annoncées par le gouvernement. Une entrevue dans un contexte encore tendu : Dunkerque, à Marseille ou encore la Marne ont été le théâtre de nouvelles manifestations d’agriculteurs ce lundi. Pour répondre au monde paysan, qui redoute déjà des «demi-mesures», le premier ministre Gabriel Attal tiendra à cet égard, mercredi, une nouvelle conférence de presse entièrement consacrée à leur révolte.

Il faut dire que les syndicats ne lâchent rien. Depuis la dernière salve d’annonces gouvernementales, qui allait du versement d’aides d’urgence à des décrets de simplification en passant par une «pause» du plan de réduction des pesticides Ecophyto, les agriculteurs ne cessent de répéter qu’ils veulent en voir les premières retombées avant le début du Salon. Pour le patron de la FNSEA Arnaud Rousseau, qui s’exprimait sur Europe 1, «ce n’est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé». Selon lui, Emmanuel Macron devra annoncer, samedi, «ce qu’est sa vision de l’agriculture des prochaines années et ce qu’on fait tout de suite». De là, dépendra la teneur de son accueil par les exploitants.

Malgré ce climat de tensions, plus de 600.000 visiteurs sont attendus dans les allées de la Porte de Versailles jusqu’à début mars. Face aux risques de perturbations, «le salon doit rester malgré tout une belle fête», a voulu rassurer Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l’organisation propriétaire de l’événement, jeudi sur BFMTV. Le Salon, «c’est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles.» «On se doit de les accueillir convenablement, normalement».