Les Français qui voient leur bas de laine grignoté par l’inflation ne sont pas sans ressources. En effet, certains produits protègent mieux que d’autres de la hausse des prix. C’est le cas du livret d’épargne populaire (LEP) réservé aux ménages modestes, qui rapporte aujourd’hui 6,1%. De quoi faire largement mieux que le livret A et son taux de 3%. Les Français qui y ont droit n’y sont d’ailleurs pas insensibles. 9,6 millions d’entre eux détenaient un LEP fin juin, soit 1,3 million de plus que fin 2021. Un beau succès pour ce placement largement méconnu il y a quelques mois à peine.
Mais il est possible de faire encore mieux, estime la Banque de France, qui souhaite atteindre 12,5 millions de détenteurs d’ici 2024. «Cet objectif équivaut à 2/3 des ménages éligibles (18,6 millions NDLR). Avec 3 millions d’ouvertures nettes d’ici 2024, le nombre de LEP aura quasiment doublé en deux ans. Je crois que c’est une excellente chose pour la protection des épargnants», a indiqué François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, à l’occasion, ce mardi, de la publication du rapport annuel de l’épargne réglementée.
Pour y arriver, le LEP va bénéficier de deux coups de pouce. Tout d’abord, le taux, qui dépend de l’inflation, sera fixé à 6%. C’est mieux qu’attendu. L’application stricte de la formule usuelle aurait abouti à un rendement de 5,6%. Un bon point pour les épargnants, d’autant qu’à l’inverse, le livret A va voir son taux stagner à 3% au 1er août, pour ne pas pénaliser le logement social que l’argent placé à l’intérieur de ces livrets finance.
Mais ce n’est pas tout. Le plafond du LEP va aussi passer de 7600 euros à 10.000 euros. De quoi avoir un impact fort sur les dépôts. En effet, près d’un ménage sur deux détenteur d’un LEP est au plafond de ce livret.
Enfin, la Banque de France va aussi mettre la pression sur les banques pour qu’elles diffusent plus largement ce placement à vocation populaire. «La moitié des gens éligible à ce produit possède un livret A, mais pas de LEP. Ce n’est pas logique compte tenu des niveaux de rémunération de ces deux livrets», a pointé François Villeroy de Galhau. «Ce placement souffre d’un manque de notoriété. Il faut que l’on y remédie, avec la mobilisation des banques.»
Depuis 2021, les conseillers bancaires ont la possibilité, en lien avec l’administration fiscale, de connaître immédiatement l’éligibilité de leurs clients. La DGFIP a envoyé un courrier aux contribuables éligible au LEP pour les en avertir. De quoi permettre aux Français qui y ont droit d’être sûrs de ne pas passer à côté de ce produit.