Une dizaine de nouveaux parcs éoliens en mer pour une dizaine de gigawatts (GW) de capacité installée en 2035. L’annonce d’Emmanuel Macron aux assises de l’économie de la mer ce mardi matin ne pouvait pas passer inaperçu. Elle marque un engagement plus affirmé du président de la République en faveur de l’éolien et confirme une tendance : les turbines oui, mais en mer.

Le choix est éminemment politique. Emmanuel Macron a identifié le développement des éoliennes comme étant un sujet clivant, «un irritant» dans les campagnes. Les sujets de grogne ne manquent pas chez les Gaulois réfractaires. Plutôt que de parier sur l’éolien terrestre comme le font d’autres pays européens, la France préfère le vent en mer.

Dès le discours de Belfort de février 2022, véritable colonne vertébrale de la politique énergétique française, le président de la République avait fixé son cap. L’électricité décarbonée sera d’abord nucléaire, avec la construction de 6, voire 14 EPR 2. Elle sera ensuite renouvelable avec du solaire, avec un objectif de 100 GW en 2050, et enfin éolienne, essentiellement offshore. Cette fois, il va un peu plus loin dans l’affirmation de ses convictions, donne un net avantage à l’éolien marin, qui doit atteindre 18 GW de capacités installées dès 2035, puis 40 GW en 2050. De quoi faire grincer quelques dents du côté des développeurs de projets d’éolien terrestre, qui n’ont de cesse de dénoncer le manque de soutien du gouvernement à leur métier.

Le choix de l’éolien en mer est aussi un pari technologique et financier fort pour l’Élysée. La France dispose d’industriels, comme Siemens Gamesa au Havre, capables de produire ces machines. Mais le risque est à la mesure des projets : plus on s’éloigne des côtes plus les coûts de raccordement s’envolent. Ainsi, pour le parc éolien Centre Manche 1 situé à 85 km des côtes, ces coûts sont de l’ordre d’un milliard, contre 400.000 euros environ quand le parc est à 15 km. Au-delà de 50 km, il faut passer en courant continu et donc construire une station de conversion en mer et une à terre. Ce qui implique de développer les capacités industrielles pour répondre à ces nouveaux enjeux.