Le sort des armes à Sieverodonetsk est sans doute presque joué. Les forces russes qui depuis plusieurs semaines pressent cette cité du Donbass y sont largement entrées. «La situation est ultra-compliquée. Une partie de Sieverodonetsk est contrôlée par les Russes», a reconnu Serguiï Gaïdaï, à la tête de la région de Louhansk.
Le maire, Oleksandre Striouk, a expliqué à la télévision que la ville était désormais «coupée en deux». «Mais on se défend. Des combats de rues féroces sont en cours, pâté de maisons par pâté de maisons» a détaillé l’édile. Et de conseiller aux civils de rester «cachés dans les caves», toutes les opérations d’évacuation étant impossibles. On ignorait le nombre de civils piégés, sans accès à l’eau ou à l’électricité. Selon le Norwegian Refugee Concil, une ONG, environ 12.000 habitants, sur les 100.000 que comptait la ville avant la guerre, seraient «coincés dans le feu croisé». L’inquiétude grandit aussi à Lyssytchansk, la ville jumelle de Sieverodonetsk, sous les tirs de l’artillerie russe et qui n’est plus reliée au reste de l’Ukraine que par une seule route.
La chute de ces deux villes rendrait vulnérables Sloviansk et Kramatorsk, la capitale du Donbass ukrainien, situées à 80 kilomètres à l’ouest. Sloviansk, approchée par les Russes au nord, serait déjà à portée de son artillerie. Mais, selon le centre de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), la perte de Sieverodonetsk n’est en rien décisive. «Les pertes en augmentation parmi les officiers subalternes russes vont réduire les capacités de manœuvre et le moral» des troupes. Sur les autres fronts, la situation semblait mardi relativement calme.
Dans le Donbass, comme ailleurs dans ces trois mois de conflit, l’armée russe se montre brutale. La justice ukrainienne a déjà identifié «quelques milliers» d’affaires de crimes de guerre présumés dans la région, a affirmé mardi sa procureur générale depuis La Haye. Elle a précisé qu’il s’agissait notamment de soupçons de transferts de personnes, des adultes mais aussi possiblement des enfants, vers la Russie, mais aussi des cas de tortures, de meurtres de civils ou de destructions.