Avis de tempête chez Météo-France. Les salariés du service de météorologie et de climatologie national sont en grève depuis dimanche, à la suite d’un préavis de grève déposé par trois syndicats représentatifs le 28 novembre. La mobilisation, qui court du 4 décembre au 7 janvier prochain, «concerne l’ensemble des salariés de Météo France». Dans un communiqué commun, Solidaires-Météo, SNM-CGT et SNITM-FO annoncent un débrayage «long», en réponse au «profond malaise des prévisionnistes».
En cause, la nouvelle organisation instaurée au sein de l’agence publique, baptisée «Programme prévision production». Elle viserait, selon les syndicats, «à centraliser et automatiser la fourniture des données présentes sur le site internet et l’application». Si les ordinateurs ont toujours créé de façon automatique des bulletins écrits et des prévisions pour le site de Météo-France, ceux-ci ne sont dorénavant plus systématiquement vérifiés par les prévisionnistes. À l’arrivée, de nombreuses «erreurs» subsisteraient dans les publications du service. «La nouvelle chaîne de prévision n’est pas suffisamment robuste, donnant parfois des résultats aberrants sur toutes sortes de situations météorologiques et sur des échéances non-modifiables, rallongeant finalement la durée d’expertise», tance l’intersyndicale dans son communiqué. Outre le préjudice porté au service rendu aux usagers et clients de Météo-France, ces «bugs» en série seraient aussi délétères pour la santé des agents, sujets au «stress» et à l’«anxiété».
Ce n’est pas la première froide que les représentants du personnel font part de leur inquiétude quant au «Programme prévision production». Lundi 13 novembre, lors du lancement officiel du programme, les trois syndicats avaient déjà appelé les salariés à débrayer. Le mouvement n’avait pas affecté la production des bulletins de vigilance, au moment où plusieurs départements se trouvaient en vigilance orange aux crues. Cette fois, les syndicats espèrent que la mobilisation aura davantage de portée. «Nous rappelons à la direction générale qu’elle a l’occasion de prendre des mesures pour assurer la sécurité et la santé mentale des employés», écrivent-ils. «Il est nécessaire de mettre un plan d’urgence pour limiter les effets du programme», insistent-ils.
Au-delà de la nouvelle organisation en vigueur, les membres du personnel pointent surtout le «manque de moyens» au sein de l’agence publique. Son effectif a en effet fondu comme neige au soleil ces dernières décennies. «Nous avons perdu environ 30 % de personnel en une quinzaine d’années, et environ 475 postes en cinq ans», indique à nos confrères de France 3, Jérôme Lartisant, secrétaire général Force ouvrière au sein de l’établissement. «Météo France n’a plus les moyens de fonctionner», soutient-il. Pour rappel, le service public emploie environ 2590 personnes, dont 1000 environ sur le site de Toulouse. Lors de son audition au Parlement en octobre, la PDG de Météo-France, Virginie Schwarz, avait assuré «qu’il n’était plus possible d’envisager de nouvelles baisses d’effectif» et que l’objectif de son mandat était, au contraire, de «rehausser les effectifs» de l’établissement. Reste maintenant à savoir si les doléances des prévisionnistes seront entendus par la direction.