Le marché du travail fait encore et toujours de la résistance. Au troisième trimestre, l’emploi salarié était, comme le trimestre précédent, «quasi stable», indique une publication définitive de l’Insee, ce mercredi. Il a ainsi progressé de 36.700 postes, un bilan supérieur aux 26.800 emplois du deuxième trimestre. De quoi amener le total «0,8 % au-dessus de son niveau d’un an auparavant», et 4,8% au-dessus de son niveau pré-crise sanitaire.

L’Insee a revu considérablement à la hausse sa première estimation, dite «flash», de début novembre. Les experts tablaient alors sur un recul de l’emploi salarié, sur le trimestre, de 0,1%. L’estimation est donc «rehaussée de 48.400 emplois avec une évolution relative revue de 0,2 point. Cette révision résulte notamment d’un impact plus marqué qu’anticipé de l’intégration des déclarations retardataires», explique la publication. Sur les trois mois, donc, les créations dépassent la barre des 30.000 dans le privé. Parallèlement, 6000 emplois ont été créés dans le public.

Dans le détail, les créations continuent d’être nombreuses dans l’industrie – où le bilan dépasse la période pré-Covid de 2,4% – et le tertiaire, qu’il soit marchand ou non-marchand. À l’inverse, l’emploi salarié diminue dans l’agriculture et la construction. De même, l’emploi intérimaire, indicateur de la vitalité du marché du travail, «baisse pour le troisième trimestre consécutif». Il est ainsi «un peu au-dessous» de son niveau pré-Covid.

Ces derniers mois, l’emploi salarié a considérablement ralenti, à mesure que l’inflation post-Covid, la guerre en Ukraine et la conjoncture internationale ébréchaient la belle dynamique de l’économie tricolore. Alors que l’emploi salarié total progressait de 1,2% au deuxième trimestre 2021, ce rythme est redescendu sous la barre des 0,5% depuis début 2022. Il a même atteint 0,1% entre avril et juin dernier, un niveau «quasi stable», selon les statisticiens nationaux. Pour autant, malgré ces difficultés, l’emploi plie mais ne rompt pas : aucune destruction nette n’a été enregistrée ces trois dernières années dans le privé, qui excède son niveau pré-crise sanitaire de 1,2 million de postes, selon l’Insee.

Pas de quoi rassurer l’exécutif, qui guette, mois après mois, le marché de l’emploi et observe avec inquiétude les signaux passer du vert à l’orange. Emmanuel Macron garde ainsi en tête son objectif d’atteindre le plein-emploi d’ici la fin de son deuxième quinquennat, un but de plus en plus insaisissable, alors que le chômage est légèrement reparti à la hausse. Pour enrayer cette mauvaise dynamique, le gouvernement a lancé plusieurs ballons d’essai, comme un tour de vis supplémentaire sur les ruptures conventionnelles, que Matignon juge trop nombreuses, ou un effort sur la durée d’indemnisation chômage des seniors.