Sorti de la salle des urgences, selon l’expression choisie l’an dernier par Luca de Meo pour décrire l’entreprise, Renault est désormais dans une forme olympique pour entamer une course de fond. L’an passé, le groupe a vu ses ventes grimper de 17,9%, à 52,4 milliards d’euros. Son résultat net a atteint 2,3 milliards d’euros.

Ses caisses se sont gonflées de 905 millions d’euros de liquidités en 2023 par rapport à l’année précédente pour atteindre 3 milliards d’euros. La marge opérationnelle a bondi à 7,9 %, un record pour le groupe. « Nous avons réalisé le redressement le plus rapide de l’histoire de l’industrie automobile », se félicite le directeur général du groupe.

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Avec ses équipes, Luca de Meo a comparé le redressement de Renault avec les retournements de Nissan en 1999 sous l’égide de Carlos Ghosn, celui de Fiat quand il y travaillait aux côtés de Sergio Marchionne, et même celui de PSA après que Carlos Tavares est venu à sa rescousse en 2013-2014. « Quand vous regardez les chiffres, vous voyez que nous avons eu une vitesse d’exécution assez impressionnante. Maintenant nous devons continuer pour rendre cette performance pérenne », souligne le dirigeant.

Renault est-il maintenant suffisamment solide pour faire face au fléchissement de la demande de voitures et à la guerre des prix agressive lancée sur tous les continents, avec des constructeurs chinois partis à la conquête de l’Occident ? Luca de Meo s’étonne qu’on puisse en douter : « Pourquoi y a-t-il toujours une espèce de doute qui plane sur Renault ? Cela fait quand même trois ans que nous progressons de façon constante. C’est la troisième année que nous réalisons des performances supérieures à ce que nous avions promis. » La marge opérationnelle est de fait passée de 2,8% en 2021 à 7,9 % en 2023. Et le groupe reste sur sa ligne de prudence, en annonçant une marge supérieure à 7,5% en 2024.

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En trois ans, les dirigeants du groupe ont su faire face à une série de crises : un marché en chute de 35% après le Covid, un manque de composants électroniques, l’arrêt des activités en Russie (dont la cession du constructeur Avtovaz).

En parallèle, la guerre avec Nissan a été enterrée avec un rééquilibrage des participations. Le groupe Renault s’est réorganisé autour de technologies différentes. Horse, l’équipementier dédié aux composants des motorisations thermiques et hybrides, dont le Chinois Geely détient 50%, a été déconsolidé de Renault à l’été dernier. Ampere, son pôle électrique et logiciel, est né en novembre. Fin janvier, Luca de Meo a annoncé qu’il renonçait à son introduction en Bourse en raison d’un marché action peu porteur pour les valeurs de l’automobile électrique. Pas de quoi ébranler les perspectives, selon le dirigeant : « Nous allons lancer 15 à 20 voitures d’ici à 2026. Ce cycle de nouveaux produits va faire croître notre part de marché. C’est désormais notre tour de profiter de cette croissance. »

Mais malgré ce travail de fond mené ces trois dernières années pour « révolutionner » Renault, la capitalisation boursière reste inchangée. Renault valait 11 milliards d’euros en Bourse en février 2022, comme deux ans plus tard. Le succès commercial de la nouvelle R5 électrique ne suffira probablement pas à redonner des couleurs au cours du Losange.