« Abilio Diniz était un aventurier aux mille vies, entrepreneur exceptionnel, sportif de haut niveau, homme de médias et de culture. » Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a ainsi rendu hommage à l’administrateur brésilien du distributeur, décédé dimanche à 87 ans. Peninsula, sa société familiale, détient 8,8 % de Carrefour.

La dépouille d’Abilio Diniz, légende du capitalisme brésilien, a été exposée au stade Morumbis, celui du São Paulo Futebol Clube, son équipe préférée. Abilio était le fils de Valentim Diniz, un émigré portugais ayant débarqué en 1929 à Rio de Janeiro, qui avait choisi l’emblème de la ville, le Pain de Sucre (Pão de Açucar), pour baptiser sa boulangerie. Abilio était célèbre à la fois pour avoir dirigé Grupo Pao de Açucar (GPA), un des premiers distributeurs locaux, et pour avoir surmonté un rapt de sept jours par un mouvement révolutionnaire chilien fin 1989. Celui qui avait fait du sport l’un des six piliers de sa réussite, avec l’alimentation équilibrée, le contrôle du stress, la connaissance de soi, l’amour et la foi, s’était fait connaître en France au printemps 2011.

Pour échapper à la prise de contrôle de GPA par Casino, dont il était l’allié, il avait alors monté une tentative de « coup d’état » capitalistique avec les deux premiers actionnaires de Carrefour de l’époque. Baptisée Gama, l’opération prévoyait la fusion de Carrefour Brésil et de GPA. Grâce à la défense de Jean-Charles Naouri, PDG et premier actionnaire de Casino, l’opération Gama avait capoté. Il avait fallu l’intervention d’un ex-négociateur des Farc pour sceller le divorce entre Casino et Abilio Diniz.

En septembre 2013, ce dernier a revendu ses parts de GPA. De quoi entrer en force chez Carrefour. Peninsula a réaffirmé lundi son engagement à long terme envers Carrefour.