Engie, qui a publié vendredi des bénéfices semestriels plus que doublés avec les prix élevés de l’énergie, a réduit son exposition au gaz russe et s’est montré serein face à l’éventualité d’une rupture d’approvisionnement.
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«La plupart de nos activités ont contribué à cette hausse, en particulier les activités d’achat et de vente d’énergie, qui ont bénéficié du niveau très élevé des prix des commodités et d’une grande volatilité», a expliqué la directrice générale Catherine MacGregor à des journalistes.
Les résultats ont ainsi été portés notamment par l’activité de fourniture d’énergie, le nucléaire en Belgique ou encore les renouvelables. Les prix du gaz et de l’électricité ont flambé ces derniers mois à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’entreprise, principal fournisseur de gaz en France et dont l’État français détient près de 24%, souligne également dans un communiqué une «réduction significative de l’exposition financière et physique au gaz russe».
Pour l’hiver prochain, «Engie a significativement réduit son exposition précédente aux volumes de gaz achetés à Gazprom», le groupe énergétique russe. «Aujourd’hui, on a sécurisé l’ensemble des volumes dont on aurait besoin pour servir nos clients», mais il reste un «petit volume résiduel d’à peu près 4%» de gaz russe, a précisé Mme MacGregor. «C’est complètement dans la marge de la flexibilité de nos portefeuilles, donc on n’est pas du tout inquiets par rapport à ces montants», a indiqué la dirigeante. «On a déjà observé une réduction de la demande, ce qui montre bien qu’il y a une certaine flexibilité du côté demande et que s’il y avait un scénario d’interruption du gaz russe sur l’hiver, nous serions capables complètement d’absorber les quelques pourcents qui nous resteraient à trouver», a-t-elle assuré.
Le groupe a par ailleurs revu en baisse la valeur comptable de sa participation dans le gazoduc entre la Russie et l’Allemagne Nord Stream 1 et a enregistré une «perte de crédit» de 987 millions d’euros concernant son prêt pour l’autre gazoduc abandonné, Nord Stream 2.
Le chiffre d’affaires semestriel du groupe a bondi de 72% au premier semestre, à 43,2 milliards d’euros, et son excédent brut d’exploitation (Ebitda) a progressé de 44%, à 7,5 milliards, selon des chiffres retraités pour tenir compte de la cession en cours de sa filiale Equans par Bouygues. Malgré ces bons résultats, Engie maintient ses prévisions inchangées pour l’année, compte tenu des «incertitudes». Le groupe vise ainsi toujours un résultat net récurrent 2022 entre 3,8 et 4,4 milliards d’euros. Engie précise toutefois que ce résultat serait gonflé de 0,7 milliard «si les conditions de marché et l’environnement de prix (au 30 juin 2022) devaient se poursuivre au second semestre». Le groupe a par ailleurs confirmé qu’il allait accorder en novembre une remise de 100 euros en moyenne par client bénéficiaire du chèque énergie. Il va également mettre en place un fonds de soutien de 60 millions d’euros à destination des petites et moyennes entreprises.
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Les bénéfices réalisés par les géants de l’énergie ont relancé en France le débat sur une possible taxation exceptionnelle des «superprofits», que le gouvernement ne souhaite pas. TotalEnergies a annoncé jeudi un bénéfice net plus que doublé au deuxième trimestre par rapport à la même période de 2021, à 5,7 milliards de dollars. Le groupe a annoncé une remise de 20 centimes d’euros par litre de carburant à la pompe entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service françaises, puis de 10 centimes par litre sur le reste de l’année.
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