L’échéance est encore lointaine, mais les premières graines de l’élection présidentielle de 2027 sont plantées. Notre sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio révèle les premiers rapports de force entre les différentes formations politiques. Il y a d’abord des confirmations: à moins de quatre ans du scrutin, Marine Le Pen arriverait largement en tête du premier tour, quel que soit l’adversaire macroniste.

La candidate «naturelle» du Rassemblement national (RN) caracole en tête avec de 31 % à 33 % des intentions de vote, gonflant d’au moins 7,5 points son score du 10 avril 2022. «Cela atteste d’une structure électorale attrape-tout qui s’apparente à celle d’un parti de gouvernement. Les faiblesses historiques du RN restent, mais sont partiellement gommées», analyse Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop.

Autre confirmation: dans la majorité, seul Édouard Philippe parviendrait à réduire l’écart avec la double finaliste de la présidentielle. Avec 25 % d’intentions de vote, l’ancien premier ministre apparaît ainsi comme le mieux placé pour porter le flambeau macroniste. D’autant qu’il pourrait rallier plus des trois quarts (76 %) des électeurs du chef de l’État en 2022. «Mais il a les mêmes faiblesses que le candidat Macron: il n’est qu’à 22 % chez les salariés et 16 % dans les catégories populaires», souligne Frédéric Dabi, pour lequel «l’incertitude» plane encore sur la succession d’Emmanuel Macron.

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Mais tout le monde le sait, à quatre ans de l’échéance, personne n’est à l’abri d’une surprise. Un prétendant pourrait bien en créer une: le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Testé pour la première fois, le ministre de 34 ans est crédité de 19 % des suffrages, le plaçant comme le deuxième meilleur candidat du camp présidentiel. Il devancerait ainsi deux poids lourds du gouvernement, qui ne cachent pas leurs appétits: le patron de Bercy, Bruno Le Maire (18 %) et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin (16 %). «On aurait pu penser que ce n’était qu’un phénomène de popularité, mais Gabriel Attal bénéficie d’une crédibilité électorale», appuie Frédéric Dabi.

Bien que distancé par les autres prétendants du «bloc central», Gérald Darmanin bondit quant à lui de  5 points depuis mars 2023, passant de 11 % à 16 %. Malgré ses appels du pied aux classes populaires, le ministre de l’Intérieur ne séduirait toutefois que 9 % de cet électorat.

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Loin derrière, la droite peine à troubler le match qui se profile une fois de plus entre le RN et le camp présidentiel. Qu’importe l’identité du successeur d’Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez ferait légèrement mieux que les 4,78 % de Valérie Pécresse en 2022. Celui qui cultive la stratégie du silence stagne entre 5 % et 6 % des intentions de vote, et perd même 2 points depuis mars 2023 en cas d’une candidature de Gérald Darmanin. «C’est moins un problème d’incarnation que d’espace entre le bloc central et le bloc nationaliste», observe Frédéric Dabi.

Comme en 2022, Les Républicains (LR) seraient même doublés par Éric Zemmour, qui avait obtenu 7,07 % des voix lors du dernier scrutin. Le président de Reconquête! réussirait quant à lui à conserver son socle électoral en décrochant 6 % à 7,5 % des intentions de vote. «La poussée de Marine Le Pen ne se fait pas au détriment d’Éric Zemmour. C’est la preuve que son électorat n’est pas qu’une réserve de voix pour le RN», décrypte le patron de l’Ifop.

En cas d’une nouvelle candidature, Jean-Luc Mélenchon resterait à gauche l’éternel troisième homme de la présidentielle. À la différence que le leader Insoumis renoue difficilement avec son score de 2022 (22 %), qui lui avait permis de tutoyer le second tour. Celui qui avait profité du vote utile atteindrait cette fois au mieux 15 % des voix. Enlisé dans les polémiques depuis l’irruption de la guerre entre Israël et le Hamas, Jean-Luc Mélenchon perd jusqu’à 5 points d’intentions de vote par rapport à mars 2023. «Il est en décalage avec une majorité du peuple de gauche qui ne comprend plus son discours», explique Frédéric Dabi.

Il n’empêche, le triple candidat à la présidentielle garde une longueur d’avance sur ses concurrents de gauche, y compris dans son propre camp. Sondé pour la première fois à la place du chef des Insoumis, le député LFI de la Somme, François Ruffin, n’obtient que 7 % des intentions de vote. Perçu comme un potentiel héritier de Jean-Luc Mélenchon, il serait même dépassé d’une courte tête par le communiste Fabien Roussel (7,5 %). Le patron du PCF, qui a pris ses distances avec la Nupes, parviendrait ainsi à tripler son score de la dernière présidentielle (2,28 %). Ni l’écologiste Marine Tondelier (1,6 % à 2%) ni le socialiste Olivier Faure (4 % à 6 %) ne bousculeraient le rapport de force dans les urnes.