Trois millions de personnes empruntent chaque jour le réseau de bus de la RATP, la régie autonome des transports parisiens, et rencontrent depuis plusieurs semaines des difficultés sur leur trajet. Les arrêts maladies se multiplient parmi les salariés machinistes, ce qui ampute le réseau de bus d’un bon quart de ses capacités, et la RATP peine toujours à recruter de nouveaux salariés. Dans ce contexte, la régie a décidé de mettre en place une prime d’un montant cumulé de 450 euros pour «saluer l’engagement et l’investissement des conducteurs de bus présents», déclare un porte-parole de la RATP au Figaro. «Il ne s’agit pas de sanctionner les absentéistes», insiste-t-il.

La distribution de ce bonus salarial exceptionnel s’effectuera progressivement sur trois mois, d’octobre à décembre 2022. Tous les salariés qui n’auront pas été absents en octobre toucheront 100 euros, puis 150 euros supplémentaires si la présence dure jusqu’à fin novembre, puis encore 200 euros si elle dure jusqu’à fin décembre.

À VOIR AUSSI – Grève des transports: «J’ai quinze ans d’ancienneté à la RATP, je touche à peine 2.000 euros»

À lire aussi«Zéro métro, zéro RER» : vers une grève des transports à la RATP le 10 novembre

Le dispositif a suscité la circonspection des syndicats du groupe qui s’interrogent sur sa légalité, ce dont la RATP se défend. «Tout employeur est légitime à fixer les modalités de versement de ce type de prime de présence, à la condition que les absences, quel que soit leur motif, soient traitées de manière identique, ce qui est le cas», argue le porte-parole du groupe. Un principe juridique confirmé par l’avocat en droit du travail Thierry Meillat. «Le versement de prime peut être conditionné à l’assiduité, à condition que ce critère ne soit pas discriminant et qu’il s’applique à toutes les absences qui ne sont pas considérées comme du temps de travail effectif», indique-t-il.

Seul le congé maternité fait exception dans la jurisprudence, pas le droit de grève. Toute absence liée à une grève empêchera les salariés de toucher la prime. Or cinq syndicats de la RATP appellent à un vaste mouvement de grève dans les transports le 10 novembre. Le droit de grève a beau être constitutionnel, «le droit assez clair : l’absence liée à la grève s’impute sur le versement de la prime d’assiduité», conclut Thierry Meillat.

Le groupe, dont l’ancien premier ministre Jean Castex va prendre la tête, rappelle que cette prime de présence complète d’autres mesures et actions déjà lancées pour recruter davantage de chauffeurs. «Des partenariats avec des jobboards et avec pôle emploi, des campagnes d’affichage, de la cooptation, des job dating ou encore l’organisation de forums emplois», liste-t-on en interne. De leur côté, les syndicats demandent depuis plusieurs semaines de nouvelles augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.

À VOIR AUSSI – L’ancien premier ministre Jean Castex va prendre la tête de la RATP