L’émergence d’une grave maladie du foie touchant les très jeunes enfants, pathologie dont on ne connaît pas l’origine, est suivie de très près par les autorités sanitaires européennes et américaines. Tout a commencé au mois de mars 2022 en Écosse où l’on a enregistré une augmentation anormale du nombre d’hépatites aiguës graves chez les enfants. La maladie s’est ensuite diffusée dans tout le Royaume-Uni et aux États-Unis. De quoi susciter l’inquiétude car il est vite apparu qu’il s’agissait d’une nouvelle maladie : les virus habituellement associés à ces pathologies n’ont pas été détectés chez les petits malades.

À ce jour, environ 600 enfants dans le monde, la majorité âgée de moins de 5 ans, en ont été victimes, avec de graves conséquences : hospitalisations pour insuffisance hépatique, et pour certains la nécessité absolue d’une greffe. On déplore une dizaine de décès. Ordinairement, les hépatites graves touchent les adultes. Il n’est pas impossible que des enfants subissent une inflammation du foie, mais elles sont généralement asymptomatiques et passent donc complètement inaperçues.

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Jean-Michel Pawlotsky, chef du service virologie de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil se veut néanmoins rassurant : « Il n’y a aucune inquiétude à avoir pour le moment, le nombre de cas dans le monde reste extrêmement faible et l’on n’a toujours pas observé de cas en France. » En effet, au printemps, un petit nombre de cas ont été suspectés en France, mais il ne s’agissait finalement pas de cette nouvelle pathologie.

L’avenir dira si la France sera épargnée : au moment où nous écrivons ces lignes, quelques cas sont en cours d’investigation au Centre national de référence des hépatites B, C et Delta.

Le Pr Pawlotsky et ses équipes y ont pour mission d’explorer toute nouvelle hépatite à agent inconnu, et trouver sa cause. Les hépatites peuvent être déclenchées par des virus (A, B ou C par exemple) ou par d’autres facteurs comme l’alcool. En réaction à ces agressions, le foie va répondre par une inflammation qui peut conduire à une insuffisance hépatique si trop de cellules sont détruites. Mais là, on ne sait pas. Le CNR est équipé d’une plate-forme de séquençage génétique qui dispose d’outils perfectionnés dits de métagénomique. Cela permet de détecter tout l’ADN et les ARN présents dans un échantillon : virus, bactéries, champignons et autres parasites. « Grâce à cette technique, et si la maladie est provoquée par l’un de ces germes, on devrait le détecter même si le pathogène n’est pas encore connu et décrit par la communauté scientifique. On peut également ne rien détecter, auquel cas il faudrait plutôt se tourner vers d’autres pistes comme des molécules toxiques présentes dans la nourriture ou sur des jouets par exemple. Rien n’est à exclure » indique Jean-Michel Pawlotsky.

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Ce qui intrigue le professeur, c’est la distribution géographique de la maladie : pourquoi le Royaume-Uni et les États-Unis concentrent-ils le plus de malades ? D’autant que ces enfants n’avaient pas de lien de proximité entre eux. On n’observe pas non plus de « clusters ». Tout se passe comme si les contaminations n’étaient pas directes : un malade ne la transmet pas au suivant. Doit-on en conclure que les virus sont à exclure ? Il semble beaucoup trop tôt pour l’affirmer. Autre question : peut-on prévoir comment ce début d’épidémie va évoluer ? C’est impossible pour l’instant, le phénomène pourrait prendre de l’ampleur comme s’arrêter de lui-même sans que l’on ne sache jamais ce qu’il s’est passé.

L’hépatite aiguë infantile est extrêmement rare, mais si votre enfant présente des symptômes de jaunisse ainsi qu’une grande fatigue, des nausées, des vomissements et une diarrhée aiguë, le foie est peut-être en cause, il vous faut consulter rapidement un médecin.