Comme ceux de l’architecte Numérobis, chargé de la construction éclair d’un palais par Cléopâtre, les ouvriers du Parc Astérix ne seraient pas contre un peu de potion magique. Nouvelles attractions, restaurants, comédie musicale, parade, maison hantée, hôtel… Les chantiers se multiplient dans le parc d’attractions de Plailly (Oise), qui compte investir massivement ces cinq prochaines années pour se métamorphoser. En 2028, une zone de quatre hectares du parc aura été totalement reconstruite.

Les Gaulois auraient pu se reposer sur leurs lauriers, eux qui viennent déjà d’inaugurer au printemps le Festival Toutatis, une zone thématique à 36 millions d’euros – un investissement record depuis l’ouverture du parc en 1989 – couronnée de la montagne russe éponyme qui cumule tous les superlatifs : record de France de vitesse, record d’Europe du nombre d’accélérations, record du monde du nombre d’«air times» (les moments où l’on décolle du siège). Un véritable succès : cette saison, Astérix a battu son record absolu de fréquentation avec 2,8 millions de visiteurs, confortant sa place de deuxième parc français derrière le géant Disneyland Paris (15 millions en 2022) et distançant le Puy du Fou (2,6 millions en 2023). C’est 60% de visiteurs de plus qu’il y a dix ans. Alors le parc ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et peaufine son «master plan à dix ans», rapporte sa directrice générale Delphine Pons. En moyenne, 20% du chiffre d’affaires (de 170 millions d’euros en 2022) vont être réinvestis chaque année.

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Le programme est déjà chargé pour 2024, année des 35 ans du site et, heureux alignement des calendriers, des 65 ans du héros gaulois. La Tour de Numérobis, une nouvelle attraction familiale, emmènera les visiteurs sur des chaises volantes à 40 mètres de hauteur. Le Grand Splatch, attraction aquatique emblématique des débuts, sera rethématisé en La Revanche des Pirates, mettant en scène les malheureux marins qui se révoltent, lassés de se faire couler à chaque album dans la bande dessinée.

Un char hispanique enrichira la parade. À Halloween, les plus téméraires pourront se faire peur dans une nouvelle maison hantée «gallo-romaine», après le succès de celle déjà construite cet automne. Et, clou du spectacle, «C’est du délire», la première comédie musicale mettant en scène les héros gaulois de Goscinny et Uderzo, sera jouée cinq fois par jour dès le 30 mars.

Des cadeaux d’anniversaire à dix millions d’euros, souligne le parc, dont la suite de la feuille de route commence à se préciser. En 2025, dans la zone thématique de la Gaule, une nouvelle attraction familiale d’ampleur remplacera la mythique Nationale 7, fermée début novembre. Le Parc Astérix garde encore jalousement le secret sur les détails de ce projet, mais «ce sera une attraction où les visiteurs seront transportés», glisse Guy Vassel, directeur général adjoint, qui promet des sensations nouvelles et du «partage» puisque les passagers y seront installés face à face.

L’année suivante, deux attractions «pour enfants» et un «très grand restaurant» viendront étoffer la zone grecque. Puis en 2027 et 2028, c’est toute la zone Rue de Paris, un peu vieillotte et sans rapport avec l’univers d’Astérix, qui sera démolie pour être remplacée par de nouvelles attractions, restaurants et boutiques, sur une thématique «issue de la BD».

Des investissements gargantuesques mais nécessaires pour maintenir le parc attractif face à la rude concurrence du secteur. À quelques dizaines de kilomètres de là, Disneyland a mis deux milliards d’euros sur la table en 2018 pour un grand plan de développement. En ligne de mire, pointe Guy Vassel, le cap des trois millions de visiteurs annuels. Pour les absorber, outre l’augmentation de la capacité d’accueil permise par les nouveautés dans le parc, Astérix mise sur l’élargissement progressif de son calendrier d’ouverture.

En quelques années, le Parc Astérix a déjà entamé sa mue, surfant sur l’excellente dynamique du secteur depuis le Covid-19. Le chiffre d’affaires a été multiplié par deux en six ans. Les visiteurs viennent de plus loin, y compris de l’étranger (15% en 2023). Le parc espère d’ailleurs surfer sur les Jeux olympiques l’été prochain et sa proximité avec la capitale, grâce à des campagnes publicitaires en anglais à destination des touristes de passage à Paris. «Ils auront besoin de se divertir entre les épreuves, souligne Guy Vassel, et le parc le plus français, c’est bien Astérix !»

La dépense par visiteur progresse elle aussi et les séjours s’allongent à la faveur du développement de la capacité hôtelière du site, passée de 100 à 450 chambres en cinq ans. Un quatrième hôtel est prévu pour fin 2026, «sur une thématique inspirée d’un des voyages des héros gaulois».

Le Parc Astérix est la figure de proue de son propriétaire, la Compagnie des Alpes, qui a également sous son aile le Futuroscope, les parcs Walibi et le musée Grévin. La recette gauloise, à base d’investissements massifs et d’allongement de la saison d’exploitation, le groupe l’applique à tous ses autres parcs, et cela paye : 5,2% de visiteurs sur la dernière saison, soit 10,6 millions en cumulé dans tous les sites du groupe. Au point que, pour la deuxième année consécutive, le chiffre d’affaires de l’activité parcs de loisirs de la Compagnie des Alpes (526 millions d’euros sur l’exercice 2022-2023) a dépassé celui des stations de ski (489 millions d’euros), l’activité historique du groupe.