Des chiffres certes attendus, mais tout de même édifiants. En 2023, 887 agences immobilières se sont déclarées en cessation de paiements et 23 autres ont engagé des procédures de sauvegarde, soit un total de 910 agences immobilières défaillantes, avance au Figaro le cabinet Altares, grand spécialiste de la question. Il s’agit du niveau le plus haut depuis le record de 2009, année où le nombre d’agences immobilières défaillantes avait culminé à 1244.

«Sur l’ensemble de l’économie, le nombre de défaillances a bondi de près de 30% par rapport à 2022. Sur les seules agences, la hausse atteint 116%», expose Thierry Millon, directeur des études d’Altares, soit plus qu’un doublement en l’espace d’un an. «C’est quatre fois plus que les autres entreprises. Et cela traduit parfaitement les tensions et les difficultés que connaît ce secteur», analyse-t-il.

S’il est encore possible de voir le verre à moitié plein – le record n’étant pas battu -, difficile de voir l’horizon s’éclaircir de sitôt selon Thierry Millon. «La trajectoire actuelle n’offre pas vraiment de perspective d’amélioration. Alors on peut supposer que le plafond des 1000 défaillances sera sans doute franchi en 2024», anticipe ce spécialiste, qui table néanmoins sur une décélération du rythme de faillites.

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Ces défaillances d’agences immobilières en série pourraient bien être l’autre versant du boom que la profession a connu lors de la dernière décennie. «La baisse de budget des ménages et la hausse des taux ayant entraîné une baisse des transactions immobilières et donc un rétrécissement du gâteau, il n’est pas surprenant de voir un tel nombre de défaillances d’agences», explique Thierry Millon. Et «le nombre de transactions est tombé tellement bas que le niveau d’activité avant-Covid ne pourra être retrouvé de sitôt», ajoute-t-il.

Pourtant, «la baisse des taux couplée au ralentissement de l’inflation devrait relancer un peu la machine. Les particuliers pourront entreprendre plus facilement des travaux de rénovation de leur logement, travaux sur lesquels ils avaient fait une croix l’année passée. Le parc immobilier en sera d’autant plus attractif, ce qui contribuera à faire augmenter le nombre de transactions», détaille l’expert.

Si les taux redeviennent acceptables, que davantage de biens immobiliers sont disponibles et que les prix sont attractifs, alors le secteur reprendra de la vigueur, résume le directeur des études d’Altares. Seulement, «la concomitance de ces trois points n’est pas prévue pour les prochains mois, met en garde Thierry Millon. L’économie devrait retrouver des couleurs au deuxième semestre, mais difficile de dire si cela suffira à retourner le marché immobilier.» Réponse en 2025 donc.