Construire des réacteurs nucléaires en pleine lutte contre l’invasion russe? C’est le projet herculéen annoncé lundi par le ministre de l’Énergie ukrainien, Herman Halouchtchenko, afin de compenser la perte de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée par les forces russes depuis mars 2022. Ses six réacteurs, qui produisaient auparavant 20 % de l’électricité ukrainienne, ont été visés à plusieurs reprises par des frappes. La centrale est actuellement à l’arrêt.
Les quatre nouveaux réacteurs seront construits dans la centrale de Khmelnytskyi, à l’ouest du pays, qui deviendrait alors «encore plus puissante que celle de Zaporijjia», a assuré le ministre. Il annonce un lancement des travaux cet été ou à l’automne.
Deux des réacteurs seront des VVER, de conception soviétique, que les Ukrainiens veulent construire avec des équipements russes achetés à la Bulgarie. «L’Ukraine a montré son savoir-faire en modernisant la centrale de Zaporijjia, aussi de conception russe, après l’accident de Fukushima au Japon», note un expert français du nucléaire, toutefois sceptique sur ce projet et encore plus sur le calendrier. Les deux autres réacteurs seraient des AP1000 de l’américain Westinghouse, qui était en discussion avec Kiev avant la guerre. Le flou demeure sur le financement de ces investissements qui devraient se chiffrer en dizaines de milliards d’euros.