Moins d’un mois après sa nomination, Gabriel Attal n’aura pas perdu de temps à programmer son premier déplacement européen. Le premier ministre est attendu aujourd’hui à Berlin, a confirmé Matignon, et rencontrera le chancelier Olaf Scholz. Le dirigeant allemand avait été prompt à féliciter le nouveau chef du gouvernement sur les réseaux sociaux le jour de son arrivée à Matignon. «Je me réjouis de poursuivre et de renforcer notre coopération», avait-il écrit, en français. Bien que Steffen Hebestreit, le porte-parole du gouvernement allemand, a ensuite rapporté qu’Olaf Scholz a été «assez surpris» par le choix d’Emmanuel Macron, «comme beaucoup d’observateurs français».

«Bis Bald!» (à bientôt!), avait répondu Gabriel Attal, qui se singularise par sa célérité à se rendre Outre-Rhin. Il faut remonter à François Fillon, qui s’était déplacé à Berlin en juin 2007 – un mois et demi après être entré en fonction -, pour trouver tel empressement. Élisabeth Borne s’était engagée sur le terrain européen cinq mois après avoir été nommée en se rendant d’abord au Portugal, tandis que Jean Castex avait opté pour la Belgique et Édouard Philippe l’Estonie.

«Une France et une Allemagne toujours plus unies, c’est une Europe toujours plus forte et qui avance», a argué Gabriel Attal alors que le couple franco-allemand bat de l’aile depuis plusieurs années maintenant. Entre les deux pays moteurs de l’Union européenne, les divergences stratégiques sont nombreuses sur la défense comme sur l’énergie malgré la célébration, en janvier 2023, du 60ème anniversaire du traité de l’Élysée. Pour avancer malgré tout, les visites de part et d’autre du Rhin sont nombreuses à l’instar du déplacement d’Emmanuel Macron la semaine dernière à Berlin. Gabriel Attal avait, lui, déjà rencontré Olaf Scholz en marge d’un séminaire franco-allemand organisé à Hambourg, en octobre dernier.

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À moins de cinq mois des élections européennes, le premier ministre entend aussi profiter de ce voyage pour constater des similarités entre les deux pays. Outre la colère des agriculteurs et la dénonciation croissante des normes écologiques, l’extrême droite est en passe d’enregistrer en juin prochain des scores importants en Allemagne comme en France. Bien que l’AFD soit empêtré dans une forte controverse après que des cadres du parti allemand ont planché sur un projet de «rémigration», au point que Marine Le Pen a elle-même été contrainte de prendre ses distances avec cette formation politique.

Tandis que les macronistes rappellent régulièrement que l’AFD et le RN siègent ensemble au sein du même groupe au Parlement européen, «Identité et démocratie», les propos que tiendra Gabriel Attal en Allemagne seront scrutés. Le premier ministre, qui doit s’exprimer devant la communauté française ce soir, entend donner de la voix en amont du scrutin, alors que la majorité n’a toujours pas arrêté le choix de sa tête de liste.

Le premier ministre sera aidé par le fort écho que rencontre sa nomination en Allemagne, comme dans le reste des pays du continent. Les titres de presse allemands ont été nombreux à consacrer des portraits au «mini Macron» de 34 ans, comme le surnomme le populaire Bild. Et son face-à-face générationnel avec le président du RN, Jordan Bardella, y est souligné. Contre les populismes, «on devra tous s’y mettre, le premier ministre en tête». «Face à ce danger, Gabriel Attal est un combattant que je n’imagine pas être en retrait», expliquait récemment l’eurodéputée macroniste (Renew) Ilana Cicurel. Derrière les contours formels du déplacement de Gabriel Attal, ce sont donc surtout ses premiers pas de tête de liste implicite du camp macroniste – qui envisage de choisir son candidat mi-février – qui seront analysés.