Dans la tourmente après avoir augmenté son salaire et celui des membres de l’exécutif de 48% en plein marasme économique, le président argentin Javier Milei a plaidé «une erreur qui n’aurait jamais dû arriver». Sur le plateau de la chaîne de télévision LN ce lundi, le chef d’État argentin a annoncé avoir signé un document annulant ces augmentations.
Javier Milei a aussi et surtout rejeté la responsabilité sur son ministre du Travail Omar Yasin, dont il a annoncé, en direct, le licenciement. «J’ai viré le secrétaire d’État au Travail», a-t-il fait savoir sur le plateau de télévision, en réponse aux questions du journaliste de la chaîne. «Il est en train d’être notifié à ce moment même». L’entourage du ministre concerné a nié toute responsabilité, rapporte aussi le quotidien conservateur La Nacion.
Le président argentin a aussi évoqué d’anciens décrets signés sous l’administration présidentielle de l’ex-présidente de gauche Cristina Kirchner, qui augmente de manière «automatique» les salaires de l’exécutif. «Admettez que vous avez signé, que vous avez été payé et que vous vous êtes fait prendre», a répondu Cristina Kirchner dans une série de tweets acerbes.
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«Puisque vous êtes si préoccupé par nos salaires, que diriez-vous si j’annulais les 14 millions de dollars que vous recevez comme pension privilégiée et que je vous attribuais une pension minimale ?», a répondu le président argentin dans un échange salé. «La dernière chose dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’un président qui profère des menaces sur Internet», s’est-il encore vu répondre.
Ce «président indéchiffrable» continue de défier establishment et politique classique avec «sa communication idéologique, conflictuelle (…) sans chercher d’accords, sans générer de majorités, sans calculer le coût. Comme une expérience inédite à ciel ouvert», a récemment analysé le quotidien La Nacion.
Cette polémique intervient au milieu d’une politique d’austérité plus que rigoureuse, établie par le président ultralibéral élu le 10 décembre dernier. Le nouveau chef d’État a promis de juguler l’inflation galopante (254% sur un an en janvier) et de mettre au fin au déficit budgétaire qui affecte l’économie du pays. En janvier, le solde des finances du secteur public est redevenu positif, de 589 millions de dollars. Une première depuis 12 ans, s’était félicité le ministère de l’Économie.
Le gouvernement Milei a supprimé des ministères, supprimé 50.000 emplois publics, réduit les subventions aux transports, réduit les voyages officiels, ou encore rayé de l’aide sociale 27.000 bénéficiaires irréguliers. «Assainissement, ou simple évaporation» des revenus ?, s’est interrogé auprès de l’AFP l’économiste Salvator Vitelli, pour qui l’effet mathématique immédiat ne vaut pas garantie sur la durée. «La variable sociale sera déterminante pour savoir combien de temps pourra être supportée cette méthode d’amélioration des comptes», ajoutait l’économiste.
Le taux de pauvreté reste très haut. Selon une étude publiée en février ce week-end par l’Observatoire de la dette sociale de l’Université catholique d’Argentine (UCA), 57% de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit le chiffre le plus élevé depuis l’établissement de cette mesure privée, il y a 22 ans. Le mois dernier, le gouvernement a décidé d’augmenter de 30% le salaire minimum.