Piqûre de rappel ou coup dans l’eau ? Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a lancé une importante attaque sur Israël, en représailles du bombardement d’un consulat en Syrie par l’État hébreu. Selon un porte-parole de l’armée israélienne, cette série de frappes n’a en réalité eu quasiment aucun effet, puisque «99% des drones et des missiles» tirés par Téhéran ont été interceptés par le système de défense israélien et ses alliés américain, britannique, français et jordanien.

De fait, très peu de dégâts ont été causés. Aucun drone ne serait entré en Israël et seuls quelques missiles sont parvenus à toucher leur cible, la base militaire de Netivim, dans le sud de l’État hébreu. La république islamique a évoqué une opération «limitée et minime». Elle a pourtant fait étalage de la diversité de son arsenal, en multipliant les vecteurs d’attaque. Au total, 170 drones tueurs, 110 missiles balistiques et 30 missiles de croisière ont été tirés.

C’est l’arme «à la mode» ces dernières années. De nombreux drones Shahed, notamment 136, semblent avoir été tirés depuis l’Iran vers Israël hier soir. Ils sont également utilisés massivement par la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Leur efficacité est limitée : guidés par GPS, ils peuvent être brouillés ou détruits par des défenses anti-aériennes. Ils ne peuvent viser que des cibles fixes, ce qui limite leur intérêt tactique. À chaque attaque russe, l’armée ukrainienne se félicite d’ailleurs d’en intercepter une très large proportion. Mais ceux qui passent entre les mailles du filet font d’importants dégâts depuis deux ans.

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Mais les drones Shahed possèdent deux avantages : leur portée, de plusieurs centaines de kilomètres, et leur coût modeste, qui permet à l’assaillant d’économiser des missiles de précision et de saturer les défenses antiaériennes. Cette tactique semble n’avoir que partiellement fonctionnée, puisque seuls quelques rares missiles balistiques sont parvenus à franchir les défenses israéliennes.

En août dernier, l’Iran a également dévoilé un nouveau drone de sa conception : le Mohajer-10. Cette munition rodeuse serait considérablement plus performante que le Shahed, avec une portée de 2000 km et une capacité à emporter plusieurs types d’armements. On ignore encore s’il a été utilisé contre Israël.

Parmi les 110 missiles balistiques tirés sur Israël, l’Iran semble avoir utilisé le missile balistique à moyenne portée Kheibar Shekan, selon plusieurs observateurs. Cette arme est littéralement destinée à frapper Israël : son nom signifie «briseur de forteresse», Kheibar étant la forteresse juive conquise par les musulmans peu après la création de l’islam. Révélé en 2022, le Kheibar appartient à la troisième génération de missiles du Corps des gardiens de la révolution islamique. D’une portée de 1450 km, il emporte une charge utile de 500 kg. La nouvelle génération de Kheibar, dévoilée en juin 2023, peut même emporter une ogive de 1500 kg.

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Le Ghadr-110, un missile balistique à moyenne portée, pourrait également avoir été aperçu dans le ciel israélien. Doté d’une portée de 2000 km, et d’une charge utile de 650 à 1000 kg, il est en réalité une amélioration du Shahab 3, lui-même dérivé du missile nord-coréen Nodong-1. L’Iran possède également d’autres missiles balistiques similaires, qui pourraient avoir été utilisés en Israël : le Sejil, l’Imad (encore en développement) et l’Haj Qasem, baptisé en l’honneur du général Qasem Soleimani, tué dans une attaque de drone américain en janvier 2020.

Le dernier né des missiles balistiques iraniens a été baptisé Fattah, «vainqueur» en français. D’une portée de 1400km, il peut atteindre la vitesse de Mach 13 à 15. Le régime iranien estime qu’il peut contourner tous les systèmes anti-missiles. Lors de sa présentation, il avait provoqué l’inquiétude de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, qui avaient «condamné» ce nouveau modèle.

L’Iran a également tiré samedi une poignée de missiles de croisière, dont il est également bien doté. Aucun n’a été formellement identifié. Au sein de son arsenal, la république islamique possède le Kh-55, un missile de croisière soviétique conçu en 1983 et capable d’emporter des ogives nucléaires. Mais aussi le missile de croisière Paveh, de la famille des missiles Soumar, lui-même dérivé du Kh-55 russe. Dans la même famille, l’Iran a également dévoilé le Hoveyzeh en 2019.