Les céréaliers français, estimant être confrontés à «un profond changement de paradigme du commerce international» depuis la guerre en Ukraine, appellent jeudi le gouvernement à repenser son approche des marchés. «On est rentré il y a trente ans dans un système de mondialisation globale, avec des marchés à terme à Chicago et une Organisation mondiale du commerce sanctionnant les opérateurs ne respectant pas les règles», explique Eric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), à l’AFP.
Mais l’OMC est devenue beaucoup moins active et la mondialisation s’est fragmentée tandis que la Russie est devenue beaucoup plus active sur la scène internationale en promettant par exemple de livrer gratuitement des céréales à six pays africains, ajoute-t-il. Dès lors, «le marché mondial et la mondialisation deviennent caducs», estime-t-il. Les céréaliers en souffrent: en un an, le cours du blé a chuté de 410 euros la tonne à 225 euros fin mai, pendant que les charges, notamment le coût des engrais, bondissaient, selon l’AGPB.
«Les cours actuels ne permettront donc pas de couvrir les coûts de production, créant un effet ciseaux potentiellement dévastateur pour de nombreuses exploitations», affirme l’organisation dans un communiqué. Aussi les céréaliers «appellent le gouvernement français à reconsidérer la situation et à trouver des solutions», indique Eric Thirouin. «Il faut se mettre autour d’une table et se poser la question de savoir comment on adapte les règles du commerce international et qu’on y apporte plus d’agilité.»