Déjà fragilisée par un recul structurel du cheptel, la filière bovine française affronte une nouvelle difficulté: ses exportations sont perturbées par la présence dans l’Hexagone d’une maladie virale touchant les ruminants et les cervidés. Le 18 septembre sont apparus dans trois élevages des premiers cas de maladie hémorragique épizootique (MHE), un virus présent depuis plusieurs décennies en Amérique du Nord et depuis un an en Europe du Sud. Ce qui, en vertu de protocoles européens, a interdit d’exporter des bovins venant des zones françaises touchées vers un pays de l’Union européenne (sauf cas d’accords bilatéraux.

Sont concernés la totalité des Pyrénées-Atlantiques, des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, du Gers, des Landes et de l’Ariège, où l’on dénombrait vendredi soir 53 foyers, selon le ministre de l’Agriculture. Mais aussi, partiellement, la Gironde, le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Cette maladie, véhiculée par des insectes mais non transmissible à l’homme, ne présente qu’un risque faible pour les vaches et ruminants concernés (1 % de mortalité). Les animaux atteints ne sont pas abattus mais soignés. Néanmoins, la filière peine pour l’instant à appréhender le degré de viralité de cette maladie nouvelle en France.

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La circulation de bêtes issues de la vaste zone réglementée du Sud-Ouest vers le reste de la France est aussi autorisée, sous réserve de test biologique négatif. Les besoins accrus en Europe pour les jeunes veauxaident les éleveurs du Sud-Ouest à trouver des portes de sortie. «Il y a cette année un déficit de 200.000 veaux en France , décrypte Patrick Bénézit, à la FNB, donc la demande est là. Le vrai risque reste que la maladie s’étende, fermant davantage les frontières.» En effet, si la France avait bon espoir mardi soir de trouver un accord avec l’Italie pour normaliser ces flux commerciaux stratégiques, la filière reste suspendue à l’évolution de la maladie.

Si le virus venait à se propager à d’autres territoires, comme cela a été le cas en Espagne,où plus aucune région n’est épargnée, les pertes pourraient très vite monter. «Dans ce contexte, il est important de poursuivre des accords bilatéraux en Europe pour préserver au maximum les flux commerciaux», conclut Patrick Bénézit. Pour l’instant, le virus semble contenu, le ministère de l’Agriculture n’ayant pas fait état de nouveaux foyers de MHE depuis le 6 octobre. Mais il a précisé que des pays tiers avaient aussi fermé leurs frontières, notamment l’Algérie. «Il est trop tôt pour évoquer la question des aides aux éleveurs, puisque le préjudice économique dépendra in fine de la date à laquelle nous parviendrons à rouvrir les frontières avec l’Italie et l’Algérie», a ainsi précisé une porte-parole du ministère, lundi.