Il était temps. Une grande campagne de mesures de la qualité de l’air va être lancée le lundi 23 octobre prochain sur l’ensemble des lignes de métro et RER de la RATP, afin d’établir une cartographie précise du niveau de pollution du réseau. Le meilleur moyen «d’avoir un bon thermomètre de ce qui se passe exactement sur le réseau», a souligné Jean Castex, le PDG de la RATP, ce jeudi à l’occasion de la présentation de cette campagne inédite qui prévoit de mesurer les particules PM2,5 et PM10 via des prélèvements sur filtre et un analyseur portable, ainsi que le CO2.

Car si des campagnes de mesures ponctuelles avaient déjà été réalisées ces dernières années dans certaines stations de la RATP, aucune n’avait été déployée à l’échelle du réseau entier. C’est pourtant une demande du ministère de la Transition écologique datée de 2016, qui avait alors missionné l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) afin qu’il établisse un guide de recommandations pour la mesure dans les enceintes ferroviaires souterraines. Le résultat est un protocole «extrêmement rigoureux conforme au guide élaboré par l’INERIS et faisant référence», souligne la RATP.

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Cette campagne va donc «obéir à des règles strictes», précise l’ancien premier ministre, qui balaie ainsi d’un revers de main ceux «qui viennent sur notre réseau avec des appareils de mesure pas certifiés» et qui ne réalisent pas leurs mesures «dans les règles de l’art». «Difficile ensuite» selon lui «d’en tirer des enseignements». Dès lundi 23 octobre, ce sont ainsi deux à trois techniciens – employés de la RATP et équipés d’une mallette dernier cri – qui seront ainsi envoyés du lundi au vendredi pendant deux mois sur le terrain pour réaliser 4 heures de mesures par jour aux heures de pointe, deux heures entre 7h30 et 9h30 et deux heures de 17h30 à 19h30, et ce, plusieurs fois par ligne si différentes rames y circulent. Soit 72 trajets, qui représentent 144 heures de mesures. Toutes les données collectées seront ensuite envoyées à l’INERIS pour être exploitées et étudiées ainsi qu’à Île-de-France Mobilités (IDFM).

«Il nous faut des mesures fiabilisées», a d’ailleurs lancé Valérie Pécresse, qui s’est félicitée de la mise en place de ce «protocole certifié». La présidente de la région et d’IDFM a également plaidé pour que la RATP joue le jeu de la «transparence absolue», et que les résultats de ces mesures soient «accessibles à tous les usagers». «Notre objectif est qu’à l’horizon 2024, les usagers aient une vraie cartographie» de la qualité de l’air «dans les gares et les stations» et «puissent connaître tous les jours le niveau de pollution de leur gare et de leur rame». Des mesures qui viendront s’ajouter à celles déjà mesurées dans cinq stations – Franklin D. Roosevelt, Châtelet, Châtelet RER A, Auber et Nation RER A – disponibles sur l’open-data de la RATP.

Les résultats devront in fine permettre à la RATP «de mieux agir à la source contre les pollutions de l’air dans les réseaux souterrains», souligne Jean Castex, qui affirme que des «investissements lourds» ont déjà été réalisés. Afin d’équiper le réseau de ventilateurs, mais aussi pour financer des «techniques plus innovantes» comme des extracteurs de fumées ou encore des nouveaux patins posés sur les pneus du RER A, censés réduire l’émission des rames lors du freinage. Autant de technologies «qu’on va déployer progressivement qui vont permettre de limiter l’émission de ces particules», ajoute l’ancien premier ministre, qui assure «agir sur tous les registres». Avant de rappeler que les transports en commun restent «le moyen de transport le plus sûr» par rapport aux émissions de polluants.

Depuis plusieurs années, le niveau de pollution dans les réseaux souterrains – métro et RER – tout comme la communication du groupe sont souvent épinglés par les associations telles que Respire. Au printemps dernier, le parquet de Paris avait même ouvert une enquête pour «mise en danger d’autrui» visant la RATP soupçonnée par l’association Respire de dissimuler à ses usagers des taux anormalement élevés. Quelques semaines plus tard, une étude réalisée pour l’émission «Vert de rage» donnait à voir une cartographie précise mais contestée par la RATP de la pollution dans le réseau souterrain.