La bande dessinée Les Algues vertes, l’histoire interdite avait mis un pavé dans la mare bretonne en enquêtant sur la catastrophe sanitaire des marées vertes depuis les années 1970. Son auteure, la journaliste Inès Léraud, y retraçait, après trois ans de travail, les mensonges et les secrets qui ont entouré la mort de trois hommes et de plusieurs dizaines d’animaux sur les plages de la région. Elle pointait notamment du doigt le rôle de l’élevage intensif dans la prolifération des algues vertes et les intérêts agro-industriels qui entourent le phénomène.
Auréolée de succès, la bande dessinée illustrée par Pierre Van Hove sera prochainement adaptée au cinéma dans un film réalisé par Pierre Jolivet (Ma petite entreprise (1999), Les Hommes du feu (2017)). Mais les équipes du film semblent faire face à des difficultés inattendues.
Alors que le tournage du film doit débuter en septembre, Le Télégramme explique que la production irrite certains élus locaux. Les équipes auraient choisi de poser leurs caméras dans plusieurs communes du littoral, dont Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Le quotidien rapporte que le maire de la commune, François Ponchon a appris avec colère le tournage à venir. «La société de production 2.4.7 Films nous a sollicités ainsi que Lannion-Trégor Communauté (LTC) pour que l’on mette à leur disposition des lieux de tournage, explique-t-il. Ce qui nous chagrine, c’est que le film est une stricte application de la bande dessinée. Elle ne fait pas référence aux progrès réalisés ces dix dernières années. (…) S’ils viennent avec les caméras, on ne les empêchera pas, mais on ne participera pas non plus, de quelque manière que ce soit.»
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La commune est directement concernée par le sujet. En juillet 1989, Jacques Thérin est retrouvé mort sur la plage de Saint-Michel-en-Grève où il faisait son jogging. C’est le premier cas suspecté d’une mort provoquée par une intoxication au sulfure d’hydrogène, le H2S, gaz émis par les algues vertes en décomposition, mais à l’époque aucune recherche ne sera réalisée. Trente ans plus tard, le cavalier Vincent Petit frôle la mort ; son cheval, lui, est asphyxié par les émanations de sulfure d’hydrogène sur la plage.
La journaliste Inès Léraud explique avoir proposé à la municipalité de Saint-Michel «de ne pas filmer le panneau d’entrée de la commune». «En ce qui concerne les mesures prises ces dernières années, nous avons proposé aux élus qui le souhaitent de rédiger des textes pour les ajouter au générique et réactualiser la situation», ajoute-t-elle.
Une autre embûche se dresse sur le chemin d’Inès Léraud. Pour l’instant, la région n’a semble-t-il pas accordé de subventions au film, pourtant tourné entièrement en Bretagne, ce qui rend compliqué le bouclage du budget de la production. «C’est complètement fou», réagit-elle auprès du Télégramme.
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