Certes, rien de neuf sous la voûte de Garnier. Mais quel programme ! et quelles reprises ! Avec ces trois ballets de Jerome Robbins, on atteint la perfection, voire sa quintessence. C’est à croire qu’ils ont été créés pour cette troupe, quand bien même En sol a été écrit pour le New York city Ballet en 1975. Six mois plus tard, la pièce entrait au répertoire de l’opéra de Paris. In The Night, créé en 1970, n’a été présenté à Paris qu’en 1989 et The concert, composé en 1956, n’a intégré Garnier qu’en 1992, soit 26 ans plus tard. Ces trois œuvres exigent, pour les danser, une technique classique irréprochable – Jerome Robbins jouant des pointes et des arabesques pour atteindre une extraordinaire pureté du geste. De facture apparemment très sage, elles sont hérissées de difficultés techniques que les étoiles – dont la distribution change chaque jour – surmontent somptueusement.
Si En sol est d’inspiration plus balanchinienne, on retrouve dans The concert ou les malheurs de chacun toute l’espièglerie et l’humour dont déborde ce chorégraphe tellement new yorkais, et qui se savait génial ! On sourit, on rit plus encore. Le rôle principal est tenu par l’une des pianistes des répétitions de l’opéra, Vessela Pelovska. Elle embrasse son rôle à merveille et mène la vie dure aux danseurs. In the night, le plus repris des trois ballets par la troupe de l’Opéra au fil des ans, présente trois pas de deux qui se succèdent, ahurissant de complexités techniques – on alors est ébloui par la maîtrise des étoiles, réjoui d’assister à cette limpidité que la danse atteint parfois, et qui nous rappelle la réponse de Serge Lifar quand on lui demandait de définir sa danse : « Je dessine l’air ». À voir absolument.
Opera Garnier jusqu’au 10 novembre