Difficile, au lever du rideau, de croire à ce gang de blondinets en cravate, prétendument en guerre contre des Portoricains, pour des histoires de quartier et de territoire. Jusqu’à l’arrivée des filles et leur superbe chanson America. À partir de cet instant, le show prend sa consistance, même si l’orchestre est trop amplifié, et si les voix des chanteurs dénaturées par la frénésie que mettent les ingénieurs du son à les doper à l’écho.

Le West Side Story installé pour les fêtes au Châtelet est la reprise d’un spectacle donné à Munich en décembre 2022. Il s’agit d’une grosse production, comme les Allemands savent les faire. Tout y est millimétré, au point parfois d’en devenir mécanique. À quelque chose près, on retrouve la version originale créée à Broadway en 1957. L’œuvre, ponctuée par ses titres immuables bien plus difficiles à chanter qu’il n’y paraît, de Tonight à Somewhere, exige l’interprétation de bons chanteurs.

La chorégraphie ne tolère pas davantage d’amateurisme. Les producteurs ont choisi celle de Jerome Robbins. Elle est hélas mal reprise, notamment dans la ronde de la scène du bal, où l’effet désiré est raté. La deuxième partie de ce Roméo et Juliette du XXe siècle est heureusement plus intense et plus poignante, grâce à Mélanie Sierra dans le rôle de Maria.

Outre ses talents lyriques, cette artiste est aussi une authentique comédienne qui réussit à émouvoir le public. En retrouvant ce grand classique de la comédie musicale, qui retrace cette histoire de bagarre sanglante pour un bout de trottoir, on ne peut s’empêcher de penser, toutes proportions gardées, à ce qui se passe à l’est de la Méditerranée en ce moment. La folie humaine est toujours à l’œuvre.

Théâtre du Châtelet, Paris 1er, à découvrir jusqu’au 31 décembre.