Le nouveau directeur de la Maison de la danse de Lyon, Tiago Guedes, aime la danse résolument contemporaine. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cru 2023 de la Biennale de Lyon – quoiqu’éclectique – reflète ce penchant. Liberté Cathédrale, la dernière création de Boris Charmatz avec le Tanztheater Wuppertal, est tout à fait dans cet esprit, même si certains puristes la trouveront encore trop grand public. Avis aux néophytes !
Avant d’arriver à Lyon, cette œuvre a été donnée dans un décor des plus surprenants : la cathédrale de Neviges, un des hauts lieux de culte d’Allemagne, érigée dans les années 1960 dans un style brutaliste, et conçue pour accueillir les milliers de pèlerins qui affluaient vers ce sanctuaire. L’essence même de cette œuvre puise ses racines, sa force et sa puissance dans ce lieu hors norme, à la fois grandiose et minimaliste. La chorégraphie accompagne cet espace, avec le danger de s’affadir dans celui plus commun de la scène d’un théâtre.
À Neviges, les danseurs évoluaient au cœur du transept et du public, disposé autour d’eux. Le rideau se lève sur la troupe lancée dans une course folle apparemment désordonnée. La première image des artistes courant et chantant quelques notes d’une sonate de Beethoven est très impressionnante. Course ponctuée par de longs silences. Puis viendront les cloches, ensuite à nouveau les silences, et pour finir un dernier tableau avec un orgue crachant ses décibels (boules Quies recommandées).
Les allusions à la cathédrale sont permanentes, et la danse n’existe que grâce à cette omniprésence. Comme si, dans un lieu qui pousse à l’introspection, la danse elle-même n’existait que pour aider chacun à se retrouver avec soi-même… ou à s’en échapper.
Biennale de la danse de Lyon, jusqu’au 30 septembre.