Envoyé spécial à Cherbourg (Manche)

Retour sur le terrain. Plus d’un mois après son dernier déplacement national – qui remonte à la semaine de sa réélection, fin avril dernier -, Emmanuel Macron s’est rendu à Cherbourg (Manche) mardi après-midi. Arrivé sur place avec plus d’une heure trente de retard, à cause d’un Conseil européen sur la guerre en Ukraine qui l’a retenu à Bruxelles, le président de la République a aussitôt été interpellé par une femme sur le « désert médical » que constitue la zone. « Personne ne veut venir ici, on est au bout du monde », a abondé un autre pour insister sur le manque d’attractivité du territoire. L’occasion, donc, de toucher immédiatement du doigt une partie de ce que le chef de l’État était venu constater. Lui, le « fils de neurologue » revendiqué, soucieux de se rendre au chevet de l’hôpital public, et prendre le pouls d’un secteur clé pourtant exsangue aujourd’hui. Au point que quelque 300 à 500 syndiqués de la CGT ont souhaité manifester leur mécontentement, mais ont été tenus à bonne distance.

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Déjà fragilisés de longue datepar des manques de moyens humains et financiers, les personnels soignants ont été mis à rude épreuve par deux années d’une crise épidémique sans précédent. Un temps compensée par les efforts des blouses blanches face aux vagues de Covid-19, la précarité y est désormais cruellement remise en lumière par le reflux du virus. Le tout, en dépit de l’investissement massif qu’a constitué le « Ségur de la santé ». « Il n’y a pas de plan caché qui va tout régler », a d’ailleurs reconnu Emmanuel Macron, alors que burn-out et démissions se multiplient. Preuve en est, à l’approche des vacances d’été, quelque 120 services d’urgences seraient ainsi fermés ou menacés de l’être dans le pays, selon une liste établie par l’association Samu-Urgences de France (SUdF).

Parmi ceux qui réussissent encore à échapper à peu près à cette funeste fatalité, figure le centre hospitalier public du Cotentin. « Vous avez répondu (aux grandes difficultés actuelles) par une mobilisation très innovante, et des solutions qui ont permis de résister. Des choses qui ne se font pas partout », a-t-il relevé, au côté de Brigitte Bourguignon, la nouvelle ministre de la Santé. « Je suis là pour pouvoir vous entendre », a-t-il poursuivi, disant vouloir s’inspirer de ce modèle où, bien que « dégradé », l’accès aux soins – tant aux urgences hospitalières qu’en médecine de ville – s’est collectivement organisé autour des différents acteurs locaux, permettant ainsi d’éviter les saturations. Ce, grâce notamment à une intermédiation téléphonique quotidienne du Samu, entre 15h30 l’après-midi et 8h du matin.

Désireux de promouvoir ce « modèle », voire de le généraliser au maximum, Emmanuel Macron a ainsi annoncé le lancement d’une « mission flash » d’un mois sur les soins non programmés. « Puis, à partir de juillet, j’aimerais lancer une conférence des parties prenantes. Sur la santé, comme sur l’éducation. Il faut que les gens décident au plus près du terrain, il faut plus de souplesse. C’est un changement de logique complet », a-t-il détaillé. Chargée de proposer des solutions, la première structure devrait être confiée au chef des urgences du CHR Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France, François Braun, opportunément présent mardi et installé au premier rang de la réunion. L’homme, qui s’est fait connaître du grand public durant la pandémie, a notamment joué les rôles de « M. Santé » auprès du président-candidat durant la campagne, au côté de deux de ses confrères.

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