Le sénateur LR des Alpes Maritimes Henri Leroy a sollicité du président du Sénat, Gérard Larcher, la création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty. «Je demande donc qu’une commission d’enquête parlementaire puisse mener une enquête approfondie et faire la lumière sur les responsabilités de chacun, comprendre les failles du système et apporter des solutions concrètes pour prévenir de tels actes à l’avenir», a-t-il notamment écrit. «Comment l’Éducation nationale peut-elle justifier de n’avoir pas mis Samuel Paty à l’écart les quinze jours qui précèdent son assassinat ? Comment les enquêteurs, et notamment la DGSI, n’ont pas pris l’élémentaire précaution de le protéger ?», s’interroge-t-il auprès du Figaro.

Le sénateur, qui s’appuie sur certaines révélations de l’ouvrage de Stéphane Simon, Les derniers jours de Samuel Paty, a d’abord envoyé une lettre à Gérard Larcher et au président de la Commission des Lois du Sénat, François-Noël Buffet. «Il y a des zones d’ombre qu’une enquête parlementaire doit éclaircir. Elle permettrait aussi de proposer des mesures de protections pour des gens menacés de mort», assure-t-il. Stéphane Simon révélait notamment que le profil en ligne du tueur avait été signalé à la plate-forme gouvernementale Pharos, que certains des collègues de Samuel Paty lui ont tourné le dos, le sachant pourtant menacé, et dénonce le manque de célérité des renseignements français.

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«Nous n’allons pas juger l’affaire. Nous voulons comprendre comment Samuel Paty a pu se retrouver sans assistance, et formuler des propositions», insiste Henri Leroy qui rappelle que l’enseignant rentrait chez lui avec «un marteau dans son sac, car il avait compris qu’il risquait d’être attaqué».

Samuel Paty a été décapité par un Tchétchène, qui bénéficiait du statut de réfugié, après que son nom ait été lancé sur les réseaux sociaux. Une élève, qui n’était pas présente ce jour-là, l’avait accusé d’avoir montré des caricatures de Mahomet, le prophète de l’Islam. Le tueur avait proposé 300 à 350 euros à des collégiens pour qu’ils désignent Samuel Paty. L’assassin a ensuite été abattu par les forces de l’ordre. Le 16 mai dernier, les juges d’instruction antiterroristes ont confirmé la décision de soumettre 14 personnes, dont 5 mineurs, à procès. La famille de Samuel Paty, elle, a déposé plainte contre deux ministères, l’Intérieur et l’Éducation nationale, pour « non-assistance à personne en péril » et « non-empêchement de crime ».