Qui sera le quatrième premier ministre d’Emmanuel Macron ? Fidèle à ses habitudes, le président de la République prend son temps. Espéré dans un premier temps lundi soir, le nom du successeur d’Élisabeth Borne, qui a présenté la démission de son gouvernement lundi 8 janvier dans la soirée, doit être annoncé ce mardi 9 janvier en fin de matinée. Rien ne presse toutefois le «maître des horloges» : aucun texte n’impose de délai pour faire connaître la composition d’un nouveau gouvernement après la démission d’un premier ministre.

En attendant, l’équipe démissionnaire reste en place et expédie les «affaires courantes», une notion vague mais juridiquement concrète. Durant cette période, le premier ministre ne peut par exemple plus déposer de projet de loi, signer des décrets ou proposer une révision de la Constitution.

Sous la présidence de Charles de Gaulle, c’est la transition entre les gouvernements Pompidou III et IV qui fut la plus longue. Le locataire de Matignon avait présenté la démission de son gouvernement après les élections législatives de 1967, le 1er avril, avant d’être reconduit par un décret le 6 du même mois.

Sous George Pompidou, qui entre à l’Élysée en juin 1969, la plus longue vacance du pouvoir à Matignon a lieu en 1973. À la suite du renouvellement de l’Assemblée nationale, le gouvernement de Pierre Messmer démissionne le 29 mars. La vacance du pouvoir dure ainsi trois jours : il est reconduit comme premier ministre le 2 avril et la nomination au Journal officiel paraît le lendemain.

Sous Valéry Giscard d’Estaing, le gouvernement de Raymond Barre II démissionne le 31 mars 1978, après un an et deux jours en fonction. La vacance du pouvoir dure également trois jours. L’ex-ministre de l’Économie et des Finances est reconduit à Matignon le 3 avril. La parution au Journal officiel paraît le lendemain.

En 1988, lors du premier mandat du socialiste François Mitterrand, la transition entre les gouvernements Rocard I et II dure un jour, du 22 au 23 juin. Investi président de la République le 16 mai 2007, Nicolas Sarkozy nomme dès le lendemain François Fillon premier ministre. Emmanuel Macron suit la même logique quand il nomme à Matignon le 15 mai Édouard Philippe.

Une fois nommé, le premier ministre devra proposer au président de la République un gouvernement. C’est là que le bât blesse. La cinquième République a connu plusieurs longues – voire très longues – vacances dans certains ministères. En 2018, le premier ministre Édouard Philippe a par exemple assuré la fonction de ministre de l’Intérieur par intérim du 3 au 16 octobre après la démission de Gérard Collomb – il s’agit du plus long intérim place Beauvau sous la Ve. Christophe Castaner, macroniste de la première heure, lui avait succédé.

En 2012, François Fillon se confronte au même exercice. Après la démission de Nathalie Kosciusko-Morizet, le premier ministre de Nicolas Sarkozy devient ministre du Développement durable, des Transports et du Logement par intérim, de février à mai. Pas de quoi rivaliser avec les 104 jours d’intérim de Najat Vallaud Belkacem au ministère de l’Enseignement supérieur, entre mars et juin 2015.