L’aventure n’aura duré que cinq petits mois. Philippe Vigier n’a pas été reconduit ce jeudi dans le gouvernement de Gabriel Attal, lors de la seconde salve de nominations. Le numéro deux des députés MoDem cède les clés du ministère délégué aux Outre-mer à l’élue Renaissance, Marie Guévenoux. À 47 ans, cette spécialiste des dossiers régaliens a gravi les échelons à l’Assemblée nationale, où elle est devenue la première femme Première questeur. Un poste de l’ombre, très convoité, qui lui a permis d’avoir la main sur les finances et la gestion de la Chambre basse.
Inconnue du grand public, la députée de l’Essonne manœuvre surtout en coulisses, elle qui a longtemps veillé sur la discipline du groupe majoritaire sur les textes délicats. Issue des rangs de la droite, Marie Guévenoux a fait ses armes auprès de l’ancien ministre Alain Madelin, dont elle a été l’assistante parlementaire, avant de rejoindre Alain Juppé. Elle soutient le maire de Bordeaux dès la création de l’UMP en 2002. Très vite, la militante est adoubée à la tête des Jeunes populaires, dont elle sera finalement évincée à l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence du parti.
Lors de la primaire des Républicains (LR), fin 2016, cette fille d’antiquaire assure la levée de fonds pour Alain Juppé. Après l’échec de son mentor, elle est ensuite chargée de vérifier la conformité des comptes de campagne de François Fillon. Une fonction occupée jusqu’à ce que l’ancien premier ministre soit mis en examen. Comme plusieurs collaborateurs juppéistes, Marie Guévenoux claque la porte de la campagne, et rejoint Emmanuel Macron au lendemain de sa victoire. Elle se présente sous les couleurs de La République en marche (LREM) et l’emporte dans l’Essonne face à une candidate LR. La députée occupe rapidement des fonctions dans le jeune mouvement qui manque de profils d’expérience. Elle devient ainsi trésorière, puis déléguée générale adjointe du parti.
Propulsée au portefeuille des Outre-Mer, sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, Marie Guévenoux hérite de dossiers brûlants. Pouvoir d’achat, accès au logement et à l’eau, décentralisation… La nouvelle ministre devra suivre la feuille de route dessinée par Gabriel Attal dans ces territoires où «réarmer nos services publics est peut-être encore plus crucial, plus vital qu’ailleurs», comme l’affirmait le premier ministre lors de son discours de politique générale. À peine promu, son prédécesseur, Philippe Vigier, avait dû faire face à un flot de reproches des élus locaux, qui lui reprochaient sa méconnaissance des Outre-Mer. Des critiques auxquelles ne devrait pas non plus échapper la ministre originaire d’Amiens, sans expérience notable sur les sujets ultramarins.